Critique : Des enfants qui s’aiment

Magali Cirillo | 16 novembre 2005
Magali Cirillo | 16 novembre 2005

Des Enfants qui s'aiment est une histoire de famille. Au scénario Zaïda Ghorab-Volta, la maman, à la réalisation Gilles Volta, le père, et leur fille, Elbéra, dans le rôle principal. Histoire de famille mais aussi histoire sur la famille, ce premier film en explore le versant le plus sombre : celui de l'enfance maltraitée.

Petite Cendrillon des temps modernes, Eliane, 9 ans, souffrant de surdité partielle, part en vacances à la montagne avec sa mère, son frères et ses sœurs. Eliane n'a (vraiment) pas de chance, ses parents ont divorcé pour d'obscures raisons, sa mère, dépressive, tyrannique et violente n'hésite pas à la frapper pour la « mater », et parfois le grand frère lui donne même un petit coup de main (voire un grand coup de pieds), tandis que ses sœurs, détestables jumelles à la langue de vipère (souvenez-vous, Cendrillon avait les même) sont toujours là pour lui rappeler qu'elle « n'aurait pas dû naître », le jumeau d'Eliane étant mort à la naissance.

Mais hélas ici, point de bonne fée, point de magie. On est dans la vraie vie. Le parti pris hyperréaliste de la réalisation se charge d'ailleurs de nous le rappeler dès la première scène du film. Gilles Volta alterne caméra au poing, longs plans fixes et très gros plans, comme dans cette scène, presque dérangeante, où Eliane s'observe dans un miroir, s'interrogeant sur son corps meurtri tandis que la caméra s'attarde sur la peau de son cou et de son visage. L'image, tantôt crue, tantôt légèrement surexposée donne au tout un côté à la fois suranné et angoissant, la montagne, cadre du récit, devenant tour à tour amicale et menaçante.
Tout au long du film, la pauvre Eliane accumule les malheurs tout en se murant dans son silence. Elle refuse de se confier alors même que des mains lui sont tendues : une autre petite fille, un jeune adolescent, un couple de bergers néo baba cool…Même l'assistante sociale du camp de vacances ne décèlera pas la maltraitance, et, c'est un comble, demande à Eliane d'être « gentille » avec sa maman, « la pauvre, c'est tellement dur pour elle ». Ici, chaque lueur d'espoir est aussitôt balayée par un nouveau coup dur. Une succession que la petite fille semble subir totalement, dans une passivité que son âge rend pardonnable certes, mais qui finit par agacer, tant le personnage ne bénéficie d'aucune évolution.
Il s'agit là du principal défaut du film : on en ressort avec un sentiment d'inabouti. Le récit ne progresse pas et apparaît comme une liste de malheurs possibles, jusqu'à la fin, tellement cruelle qu'elle en devient presque comique. Au-delà du constat évident « il faut parler quand des adultes nous font des misères », Des Enfants qui s'aiment n'apporte aucune réponse. Ajoutez à cela quelques acteurs amateurs pas toujours justes et vous obtiendrez un film pas inintéressant mais d'autant plus décevant que l'on sent poindre chez Gilles Volta une réelle sensibilité dans la réalisation.

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