Harry Potter et la Coupe de Feu : critique

Julien Welter | 15 novembre 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Julien Welter | 15 novembre 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Étonnante série que celle des Harry Potter. Après avoir résisté aux assauts du Seigneur des Anneaux pendant trois années consécutives et laminé la tentative désastreuse des Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire de marcher sur ses plates-bandes d'un merveilleux-gothique-avec-enfants-sans-parents, le magicien myope et ses amis se dressent pour la quatrième fois aux portes de l'hiver avec face à eux des adversaires de poids : le gros ouistiti nommé King Kong et la troupe d'étranger venus de Narnia, à savoir, Le lion, la sorcière et l'armoire (du chêne sûrement, c'est du solide pour se battre).

Passée la surprise initiale (trois épisodes tout de même), que peut-il bien rester à cette série qui a déjà atteint le seuil de la quadrilogie ? À faire mieux ou plus palpitant ? Assez peu probable, tant on suit scrupuleusement le rythme aussi pépère qu'un Plan épargne logement, d'une année de la vie du jeune homme par épisode. D'autant qu'au travers des trois films précédents - et avec encore le même nombre à venir-, la série n'a jamais réussi à démontrer sa capacité à fonctionner en épisode indépendant (à l'instar de Star wars par exemple). C'est plié dans la tête des producteurs, l'aventure d'Harry Potter ne tiendra que dans le grand tableau.

Les différents opus, eux, ne reposeront que sur la chronique d'une année scolaire plus ou moins remplie de découvertes. Ici, pour rappel, Harry, Ronald et Hermione ont quatorze ans et s'en vont percevoir les affres de la puberté via la drague avec un correspondant étranger (Harry faisant du plat à une petite chinoise, Hermione à un polonais mutique et Ronald à une petite française) et les compétitions UNSS viriles (le tournoi de magicien réunissant le champion de trois écoles). Heureusement que pour gâcher cette joyeuse ambiance collégiale plane l'ombre meurtrière de l'ordre des Mangemorts, les fidèles de Lord Voldemort.

 

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Sur les rails graissés de la série, il n'y a qu'une seule chose à espérer pour les fans (comme moi) : le renouvellement esthétique dans le cadre imposé par l'univers. Une sorte d'exercice de style dans lequel Alfonso Cuaron avait excellé et Chris Columbus plutôt flanché. À ce petit jeu, Mike Newell ne démérite pas et se positionne deuxième en évacuant la poésie au profit de l'excitation hormonale. Moins gothique que Le Prisonnier d'Azkaban, La Coupe de feu réussit le pari d'un monde de magicien en pleine crise acnéique, écrémant les « wicked ! », les petites blagues potaches et les intrigues de classe, le réalisateur maintient une ambiance nostalgique, parfois rétro à travers les vêtements qui est loin d'être désagréable.

On n'en viendrait parfois presque à l'excuser de ses penchants pour l'affreux spectacle d'une magie en images de synthèse (voir l'immonde parade des écoles en regard de l'arrivée des Dementors dans… Le Prisonnier d'Azkaban). Mais alors qu'on le pressentait choisi pour sa seule connaissance des internats, le réalisateur de Donnie Brasco ménage quelques grands moments d'action. Une poursuite avec un dragon sur les toits pentus de Poudlard ou une exploration sous-marine d'un lac infesté de sirènes malgracieuses. À chaque fois, le cinéaste fait preuve d'un sens bluffant de l'espace qui lui permet de restituer d'impressionnantes sensations de hauteur ou de profondeur.

 

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Reste qu'écrasé par un cahier des charges trop rempli (action + chronique + grand tableau à compléter), le récit peine parfois à enfourcher le balai qui lui permettrait de décoller vers des sommets de narration (référence : Le Prisonnier d'Azakaban). Pire, il donne parfois l'impression de ne jamais se permettre de moments de respiration. Un essoufflement énervant en regard de l'importance de cet épisode puisqu'il propulse définitivement la série des Harry Potter sur sa lancée finale (enfin, encore trois épisodes pour cela). La venue en chair et en Fiennes de Lord Voldemort est pour cela incroyablement frustrante. Trop courte, trop anecdotique, elle met mal en avant les enjeux qu'elle contient. C'est assez dommage pour une touche finale.

 

Affiche française

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