Critique : Retour à Koktebel

Flavien Bellevue | 8 novembre 2005
Flavien Bellevue | 8 novembre 2005

Il arrive parfois que des films venus de nulle part nous surprennent agréablement. Premier film d'origine Russe, Koktebel en fait partie et traite d'une relation entre un père et son fils lors d'un voyage vers le sud de la Crimée. Sur le papier, l'aventure en rebuterait plus d'un, seulement voilà, le film est loin d'être aussi ennuyeux qu'on aurait pu le craindre.

Boris Khlebnikov et Alexeï Popogrebsky nous invitent en effet à un vaste voyage dans une Crimée où les multiples rencontres défilent sous nos yeux, à un rythme certes contemplatif mais où l'espoir d'une liberté semble absolu. Un père et son fils quittent Moscou pour aller à Koktebel, station balnéaire au bord de la mer noire, et y commencer une nouvelle vie après le décès de sa femme et mère de son enfant. En chemin, le père fera rêver son fils en lui décrivant Koktebel et en lui racontant des histoires sur les albatros qui longent le littoral. Si le père sait susciter chez son fils l'envie d'aller jusqu'au bout du voyage, il n'en sera finalement pas de même pour lui puisque lors d'une rencontre, il tombera amoureux et voudra s'arrêter. Obstiné, son fils continuera, coûte que coûte, le voyage pour atteindre son rêve.

Ce voyage, nous le suivons pas à pas, au fil de rencontres, au rythme de la vie. Pour cela, les réalisateurs ont choisi de saisir chaque instant par de nombreux longs plans fixes qui permettent de profiter du vaste paysage qu'offre la Crimée. Ce parti pris peut, parfois, faire penser aux films du réalisateur Suédois, Roy Andersson (Chansons du deuxième étage) mais l'intérêt des plans ne tient pas dans la profondeur de champs mais plus comment la « vie » occupe l'espace du plan.

Pour rendre le tout vivant, les réalisateurs ont opté pour un travail d'immersion totale pour le spectateur en travaillant soigneusement l'image et le son. Proche des films d'Aki Kaurismaki et de Ratcatcher, la photographie de Koktebel propose des tons orange légers la nuit tandis que le jour, les couleurs de la Crimée, dominées par le jaune du soleil et le vert des forêts, resplendissent. Le tout dans des cadres maîtrisés de bout en bout, prenant même des risques avec deux séquences filmées sur une nuque…et une séquence, magnifique, où le fils effectue des clichés tout en découvrant l'idylle de son père. Le son apporte beaucoup au film, il lui doit beaucoup pour son énergie et sait surprendre quand il le faut. Quelques musiques, rares, jalonnent également ce voyage mais sans trop y apporter grand chose.

Koktebel est donc un « road movie » qui se « regarde » plus qu'il ne se « voit ». Les deux jeunes réalisateurs Boris Khlebnikov et Alexeï Popogrebsky, surprennent agréablement avec leur narration lente, contemplative qui prouve que ces « recettes » peuvent être encore synonyme de qualité et d'intérêt. Si le thème du film n'est pas nouveau, « l'exotisme » insoupçonné, et la poésie que dégage la Crimée de Koktebel mérite le détour.

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