Critique : La Boîte noire

Vincent Julé | 2 novembre 2005
Vincent Julé | 2 novembre 2005

À longueur de promo, les uns et les autres insistent pour définir, étiqueter même, La Boîte noire en tant que « vrai thriller à la française », bien que Richard Berry et José Garcia n'aient rien demandé à personne. La formule pourrait même paraître anodine, si derrière le projet il n'y avait pas EuropaCorp, dont la devise se résume grossièrement à « faire du neuf avec de l'américain ». Les américains, considérés aujourd'hui, à tort ou à raison, comme les maîtres incontestés du fameux thriller. Ce n'est pas l'ouverture du film, et aussi le réveil du coma de José Garcia, qui viendra contrarier la bonne application de cette recette. Distorsion des images, saturations des couleurs, la mise en scène de Richard Berry a d'ores et déjà choisi son camp, et ce n'est pas celui de l'originalité. Fort heureusement, l'acteur devenu réalisateur est appliqué, et surtout il a les moyens. Il se fait donc plaisir à chiader chacun de ses plans, au risque de les rendre artificiels, ou à user d'effets formels multiples et énergiques, parfois à outrance. Il faut dire que le sujet se prête aux expérimentations. Enfin d'habitude (qui a parlé de Dédales… oui, Memento, c'est déjà mieux), car il est plus question ici de tics que de réelles innovations.

C'est d'autant plus dommageable que José Garcia réussit, après un premier et mauvais coup de théâtre, à devenir terriblement inquiétant. Une interprétation inspirée qui passe pour une performance d'acteur à côté d'une Marion Cotillard à côté de la plaque. Si elle enfile la blouse blanche d'une infirmière (du calme messieurs !), ce n'est que pour débiter des théories sur l'inconscient avec une conviction et une emphase tout à fait ridicules (vous êtes calmés !). Ce sont bien sûr autant de clés pour sortir des dédales (ouch !) de cette boîte noire, qui, au final, se réduit à un simple et décevant whodunnit. Merci donc aux américains et à EuropaCorp, qui pousse d'ailleurs le vice jusqu'à faire jouer à son directeur général, Pierre-Ange Le Pogam, un chef d'entreprise pourri. Et lorsque José Garcia l'envoie balader sous les applaudissements des employés, on ne rit plus.

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