Critique : Ralph

Magali Cirillo | 26 octobre 2005
Magali Cirillo | 26 octobre 2005

Un enfant déjà orphelin de père, une mère dans le coma, un miracle, le tout dans les années 50…aïe, aïe, aïe, forcément, dit comme ça, le synopsis a de quoi faire craindre le pire. Mais c'était sans compter l'extraordinaire impertinence et l'énergie du film en général et de son personnage principal en particulier. Dès la première scène, le ton est donné : le jeune Ralph (Adam Butcher), 14 ans, gueule d'ange et oreilles d'elfe, pose ses genoux cagneux dans un confessionnal et y avoue s'être livré « aux pratiques solitaires 22 fois en 8 jours » (sic). Les images qui illustrent ses propos nous permettent de comprendre rapidement l'étendue de son imagination en la matière (après la tarte aux pommes d'American pie, on découvre ici un autre usage de la tondeuse à gazon). Mais non content d'être un obsédé sexuel (la scène de la piscine restera dans les annales), Ralph est aussi un garnement turbulent et un mauvais élève. Pour le punir, le père Fitzpatrick (Gordon Pinsent), le directeur de son collège, l'enrôle de force dans l'équipe de course à pieds de l'école. Or, avec ses cuisses de mouche, Ralph n'a vraiment rien d'un athlète. Mais il a besoin d'un miracle : « Il faudrait un miracle pour que ta mère sorte du coma », lui dit-on à l'hôpital, « Ce serait un miracle si l'un de vous gagnait le marathon de Boston », ironise l'entraîneur. Ces deux phrases se réunissent dans la petite tête de Ralph et forment une équation très simple : s'il gagne le marathon, sa mère sortira du coma. Logique !

Dès lors, l'adolescent s'astreint à un entraînement quotidien, avalant les kilomètres et les calories, faisant fi des moqueries des uns et des autres. Car Ralph y croit. D'ailleurs, Dieu en personne lui a parlé, et lui a affirmé qu'il devait le faire. On l'aura compris, la religion ou plutôt le religieux, est très présent dans le film. Mais la tradition et toute l'imagerie chrétienne y sont joyeusement tournées en dérision. Car ce qui compte, c'est la foi. Pas une foi aveugle, passive et dictée. Mais une foi totalement irréaliste, la foi d'un gamin, son rêve fou et désespéré. Pas étonnant que Dieu lui apparaisse en costume de Père Noël. Ralph, n'a plus rien et il veut croire aux miracles comme on croit au Père Noël. Finalement, il parvient à convaincre tout le monde, même les spectateurs. Et l'on se rend compte que le titre original, Saint Ralph, n'est peut-être pas si ironique que ça. Du coup, on en oublie les personnages parfois un peu caricaturaux comme le copain intello, le prêtre très coincé de la soutane ou encore le professeur rebelle qui fait lire Nietzsche à ses élèves lors de ses cours d'éducation religieuse.

Jeune réalisateur canadien, Michael McGowen signe ici une fable initiatique absolument optimiste, un film qui réunit le charme obsolète et naïf des fifties à la fougue d'un môme de quatorze ans. Les situations, souvent cocasses, parfois émouvantes, s'enchaînent au rythme d'un marathonien jusqu'à la fin du film, surprenante de drôlerie et de finesse.

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