Critique : Zaïna, cavalière de l'Atlas

Hoda Kerbage | 20 octobre 2005
Hoda Kerbage | 20 octobre 2005

Avec ce deuxième long-métrage qui se veut authentique, Bourlem Guerdjou a choisi d'utiliser comme langue parlée un français coupé avec l'accent maghrébin. Une première et fondamentale erreur puisque cela donne un sentiment d'insincérité et de fausseté qui tranche avec les décors anciens, les costumes d'époque, le désert et la vieille Marrakech. Si quelques Yalla Yalla (allez allez) viennent ponctuer le récit, histoire de nous rappeler le langage d'origine, on reste dubitatif, regrettant amèrement de ne pas avoir eu cette authenticité que le sujet laissait sous-entendre.

Zaïna, cavalière de l'Atlas s'inscrit dans le genre du conte. On y retrouve la voix off du conteur, les formes narratives classiques, et surtout cette beauté des décors, presque surréaliste qui invite au rêve. Il n'y ainsi aucune place à la laideur esthétique et cette recherche esthétique renvoie directement au monde onirique du conte arabe. Le souci du détail est là. Chaque chose a été pensée, chaque tapis, chaque perle, chaque élément du décor, jusqu'aux accessoires des chevaux, aux costumes, à la variété des figurants. Loin de se contenter de l'univers du conte pour l'aspect purement ornemental de son histoire, le cinéaste va y chercher l'inspiration pour ses personnages et les thèmes invoqués. On retrouve ainsi le bien et le mal représentés par les personnages de Mustapha et de Omar ainsi que le rôle de l'enfant, de l'innocence en prise avec la dureté de la vie et les choix difficiles que celle-ci lui impose.
En développant ainsi cette évolution intérieure truffée d'obstacles insurmontables que seul le courage arrive à défier, Bourlem Guerdjou offre de la matière à ses comédiens. Dans le rôle de Zaina, la jeune Aziza Nadir nous offre un remarquable premier passage devant la caméra, plein d'émotion et de maîtrise. Simon Abkarian (toujours aussi beau et ténébreux) relève le film par sa performance. Une juste récompense et surtout confirmation pour cet acteur de théâtre et de cinéma ayant travaillé avec des réalisateurs nombreux et variés (Egoyan, Codsi, Klaplish, Mnouchkine).

Dommage alors que le film manque de piquant. Trop lisse, trop correct, pas assez entreprenant, Zaïna, cavalière de l'Atlas reste toutefois parfaitement adapté et convenable au jeune public et aux amateurs d'évasion. Facile à regarder, l'œuvre réveille la curiosité, véhiculant avec minutie des détails historiques et ethniques même si cela reste le plus souvent dans le registre du beau, du spectaculaire, de l'imaginaire. Pour Guerdjou, il était important avec ce film de « permettre à un public jeune et plus particulièrement aux jeunes issus de la culture maghrébine de découvrir, par le biais du conte, les traditions et les valeurs de cette culture. » À bon entendeur !

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