Critique : Oliver Twist

George Lima | 18 octobre 2005
George Lima | 18 octobre 2005

Prendre la suite de David Lean à la réalisation d'Oliver Twist était un pari risqué. Même pour Roman Polanski. Preuve en est cette adaptation navrante d'académisme, de classicisme et de mièvrerie. Certes, la mise en scène est propre, la photo léchée, les décors classieux et les costumes criants de vérité. Mais où est donc passée la patte de Roman ? Ici plus faiseur qu'auteur, le cinéaste en vaut un autre et c'est bien là la première fois pour ce maître de l'adaptation (Tess, Le Pianiste…). Aucune implication personnelle dans cet Oliver Twist que tout admirateur du pointu Charles Dickens aurait espéré plus nuancé, plus noir, plus cruel. Car, il ne faut pas l'oublier, l'histoire de ce petit orphelin est bel et bien le triste portrait social d'une Angleterre victorienne égoïste, pauvre et conservatrice. Hélas, ici, chaque scène, même la plus tragique, laisse poindre sous les multiples couches de misérabilisme et de sensiblerie une lueur d'espoir, une issue fatalement heureuse rendant le propos social superficiel et inutile. Ne reste plus ici que l'histoire d'un gosse malheureux qui, grâce à sa profonde bonté et à sa gueule d'ange, finira petit bourgeois épanoui.

Prêtant ses traits à Oliver, le jeune et novice Barney Clark est dignement convaincant et séduira assurément les mamies et leurs petits enfants, cible principale du film. Face à Oliver, Ben Kingsley, qui avait déjà travaillé avec Polanski sur La Jeune fille et la mort, est la seule raison valable de se déplacer en salles. Son Fagin, le vilain « parrain » de ces orphelins voleurs, est effrayant, étrange et touchant. La subtilité de l'acteur anglais, quasiment méconnaissable, laisse transparaître sous la noire et drue carcasse du vieil arnaqueur un amour profond pour les enfants qu'il exploite. Bien évidemment, l'ombre d'Alec Guiness, le Sir Fagin par excellence, n'est pas loin mais l'honneur est sauf.

Rien de suffisant pourtant pour faire oublier le magistral chef d'œuvre de David Lean dont il eut fallu radicalement s'éloigner pour ne pas souffrir la comparaison. Se réapproprier cette histoire archi-connue et aujourd'hui culte en la modernisant ou en la stylisant un tant soi peu eut été plus malin. Cette resucée familiale, prévisible et un tantinet longuette n'avait tout simplement pas lieu d'être.

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