Critique : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe... sans jamais oser le demander

Vanessa Aubert | 27 septembre 2007
Vanessa Aubert | 27 septembre 2007

Dans la même veine que Bananas, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander est un film à sketches clairement défini comme tel par sa structure en chapitres issue de l'ouvrage scientifique du même nom écrit par le Docteur David Reuben et dont Woody Allen s'est librement inspiré. Un objectif parfaitement condensé dans la bande-annonce américaine, « Si vous voulez savoir comment CET homme a fait un film de CE livre ». Une fois encore l'humour de Woody Allen fait rage en parodiant avec inventivité ce qui était au départ un plaidoyer scientifique. Les aphrodisiaques sont-ils efficaces ? Qu'est-ce que la sodomie ? Pourquoi certaines femmes jouissent-elles difficilement ? Les travestis sont-ils homosexuels ? Qui sont les pervers sexuels ? Les résultats de la recherche médicale dans le domaine sexuel sont-ils fiables ? Que se passe-t-il pendant l'éjaculation ? Sept questions auxquelles le réalisateur répond à sa manière se faisant le bouffon de ces hypothèses qu'il se propose de vérifier. Chacun de ces chapitres permettent à Woody Allen de laisser libre cours à ses envies de réalisateur en abordant un style parfois difficilement maîtrisable en un film entier.

 

Dès la première intrigue, c'est le Moyen-Âge qu'il tourne en dérision et la ceinture de chasteté qu'il tente de forcer. Pour comprendre pourquoi certaines femmes jouissent difficilement, il devient Fabrizio et fait de Louise Lasser sa partenaire de lit pour une parodie des films italiens et de la légendaire séduction des transalpins. Il maîtrise au passage leur accent et démontre ses capacités de comédien en ne tombant pas dans la facilité d'une caricature poussive. Allen se fait également plaisir en créant un professeur Frankenstein, inventeur fou d'un sein géant, pour tester la fiabilité des résultats de la recherche médicale en matière de sexualité. Films d'époque, italiens ou d'horreur, tous sont parfaitement maîtrisés et s'associent aux sketches de genre plus classiques mais tout aussi réussis.

Pour évoquer la sodomie, il fait un choix judicieux en faisant tourner Gene Wilder pour interpréter un médecin tombant sous le charme d'une brebis et filmer un bijou d'humour. À rester dans les annales également, Woody Allen en spermatozoïde pour expliquer ce qu'il se passe pendant l'éjaculation. Immerger dans le corps humain comme une entreprise bien huilée, on savoure chacune des actions et des dialogues des hommes de main de l'anatomie masculine. La prise de conscience de la mort prochaine de la cellule Allen s'inscrit directement dans la question existentielle de la mort qui taraude la majorité de ses films mais reste dans ce contexte particulièrement irrésistible.


Woody Allen mène de bout en bout ces sketches et réalise un patchwork sur la sexualité sans aucune vulgarité et d'une finesse d'esprit toujours présente. On n'en demandait pas tant !

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