Critique : Il ne faut jurer de rien !

Lucile Bellan | 22 septembre 2005
Lucile Bellan | 22 septembre 2005

Plus qu'une adaptation ou une réécriture de la pièce éponyme de Musset, Il ne faut jurer de rien est l'incarnation actuelle, et donc actualisée, de l'esprit du théâtre romantique du XIXe siècle. Sous des airs de film léger, le réalisateur Eric Civanyan réussit le pari de perpétuer une vision à la fois désillusionnée et utopique de l'amour.

Pour se faire, il intègre une histoire d'amour somme toute contemporaine dans un contexte historique. Son paradoxe temporel tient en grande partie à son couple d'acteurs : Mélanie Doutey et Jean Dujardin. La première campe avec charme Cécile, une femme moderne et libérée, qui, malgré une fâcheuse tendance à contester toute autorité, croit encore en l'Amour : le vrai, l'unique, le magique. Le second, Valentin, cultive son désenchantement et son dégoût du mariage en écumant les bordels. Cœur du film, leur rencontre provoque lot de situations burlesques et quiproquos. L'héritage se cherche alors plus du côté du théâtre de boulevard pour un humour franchouillard sans être beauf. De ce point de vue, s'il ne faut jurer de rien, il ne faut surtout pas manquer le show de Marie-France Santon, qui dans le rôle de l'agaçante Baronne, se révèle parfaite en fantoche de théâtre.

Ni film d'époque, ni adaptation rigoureuse, Il ne faut jurer de rien choisit, avec modestie et sincérité, de conter la belle et touchante naissance d'une histoire d'amour. À quelques dérapages comiques, et bienvenus, près. Même les plus désabusés ne manqueront pas d'être émus par la tirade finale de l'amour, tirée d'une autre œuvre de Musset, On ne badine pas avec l'amour : « Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux ». Sur ces bonnes paroles…

Résumé

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