Critique : Grabuge !

Lucile Bellan | 12 septembre 2005
Lucile Bellan | 12 septembre 2005

Regarder un film de Jean-Pierre Mocky est une expérience unique. Cocasse mais unique. Et Grabuge ! ne déroge pas à la règle. Pour une fois, Mocky s'appuie sur un roman (Les trottoirs de Belgrado de P. A. Mesclede), et non un scénario original, pour créer son univers visuel si caractéristique, entre un esthétisme brouillon et la patte des films de genre. Le kitsch en plus, le kitsch en mieux. Provocateur et protestataire de talent (il alla jusqu'à tourner un porno en 1975 contre une loi de Giscard), le réalisateur français s'attaque ici à un trafic méconnu du grand public : celui des cartes de séjour. Ce sujet lui permet bien sûr de pointer les travers de notre société (15 000 euros la carte, risque moindre pour les trafiquants avec quelques mois de prison au maximum), d'égratigner l'autorité en place, mais aussi de côtoyer travelos, prostitués, laissés pour compte, tous fidèles à la tradition des films policiers de la grande époque.

Après quelques cinquante films, dont dix en compagnie de Michel Serrault, le vieux briscard n'a rien perdu de sa verve, et leur association fait toujours des étincelles. La maîtrise de la caméra et du jeu d'acteurs de Mocky n'a d'ailleurs rarement été aussi flagrante. Son culte des personnages secondaires permet ainsi à l'étonnante Micheline Presle, en ancienne call girl, de briller le temps de quelques minutes (de gloire). Toujours sur le fil de tomber dans le glauque ou le misérabilisme, Jean-Pierre Mocky réussit sa sortie à chaque scène, gagnant, au passage, la sympathie du spectateur.

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