Critique : Paradise now

Damien Vinjgaard | 6 septembre 2005
Damien Vinjgaard | 6 septembre 2005

En haut d'une colline surplombant la ville de Jafa, deux beatniks assis sur des sièges pliants fument le narguilé et boivent un thé arraché à bas prix à un enfant. Ils n'ont l'air de rien ou plutôt à tous les jeunes hommes un peu à la masse dans leur vie sociale. Avec leur barbe mal taillée et leurs cheveux mal coiffés, ils viennent d'ailleurs d'être renvoyés du garage dans lequel ils travaillaient. Là où ils diffèrent des autres d'jeuns de par le monde, c'est que le lendemain, ils vont se faire exploser au milieu de la foule israélienne. Magnifique ouverture qui nous rappelle que rien n'est normal dans cette contrée et rien n'est ce qu'il paraît être. Une chose est sûre, il fallait de l'audace pour parler de ceux qui sont devenus des figures de la guerre larvée moderne, les kamikazes (en attendant de trouver un nom qui n'offusque pas les soldats japonais). Plus encore pour les humaniser et leur donner une texture sentimentale au risque de tapisser un peu leurs actes avec.

Mais malgré deux éclairs de génie, le problème est là. Dans cette histoire et cette mise en scène étiquetée « world cinema » où la compassion et l'empathie se frayent un chemin plus rapidement que la compréhension. L'erreur vient du fait sûrement de n'avoir commencé son film qu'après l'évènement important : l'enrôlement. Cette prise de décision est la question majeure absente du film. Hany Abu-Assad pensait sûrement que celle de l'hésitation de ces deux personnages devant la mort importait plus (il en a fait un film). Question de point de vue sûrement, mais si l'on se demande si la mort est une solution tout au long d'une histoire qui se termine sur un attentat, on donne plus ou moins la réponse.

Et pourtant, le réalisateur a des éclairs de talents comme le changement physique que subissent les deux hommes. De l'état de molasson, ils passent à celui d'assassins en imprimant la gravité de la situation sur leur visage. Le film pourrait également se résumer à une scène, emblématique et magnifique, dans laquelle les kamikazes enregistrent sur caméra leur testament. La gaucherie du caméraman lorsqu'il capte les derniers vœux de ces futurs morts suivis de la cruauté de leurs chefs qui mangent les petits que leur mère ont confectionné pour leur déjeuner. Le réalisateur dit tout de la situation de ces hommes et de la pression qu'ils subissent en quelques minutes et sans pathos. Pourquoi faire durer alors ?

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