Scream : critique sur répondeur

Laurent Pécha | 29 août 2005 - MAJ : 29/09/2018 19:52
Laurent Pécha | 29 août 2005 - MAJ : 29/09/2018 19:52

Après des bons et loyaux services au film d'horreur, Wes Craven, épuisé par des luttes incessantes avec la censure représentée par la MPAA (l'organisme qui gère le cinéma US lui fit même dire un jour : « La MPAA, l'horreur de ma vie »), décida de raccrocher les gants dans les années 90. Voulant donc se ranger définitivement dans le système hollywoodien mais cherchant encore à oeuvrer dans un genre qui lui a offert une reconnaissance éternelle, le cinéaste vit dans le script de Kevin Williamson le moyen de faire cette transition en douceur. Remettre au goût du jour le slasher, devenu bien moribond avec les multiples Vendredi 13 en multipliant les références aux fleurons du genre. Une sorte de pot pourri avec en point de mire le film qui créa la mode en 1978, Halloween.

 

 

C'est un peu comme si Wes invitait tous ses fidèles spectateurs pour un dernier jeu de pistes, une dernière pantalonnade où le film et son scénario seraient en totale complicité avec son audience. Une sorte de baroud d'honneur, de boucle définitivement bouclée afin que le réalisateur puisse enfin passer à des films plus personnels (il n'a jamais caché son désir de faire autre chose que des films d'horreur et La musique de mon coeœur avec Meryl Streep est là pour le prouver). Seulement, c'était sans compter la volonté des producteurs (Miramax a le don pour transformer chaque sujet en potentiel blockbuster quitte à en niveler la qualité) et une nouvelle fois une censure bien présente qui empêchèrent Craven de faire le film qu'il espérait.

 

 

Mais en l'état des choses, il faut reconnaître que le bonhomme connaît parfaitement les recettes qui font peur (la scène d'ouverture est un modèle du genre). Distillant de rares indices tout en multipliant les coupables potentiels (on en vient à suspecter tous les personnages), il maintient un suspense redoutable jusque dans les derniers rebondissements tout en s'offrant quelques private jokes savoureuses (la plus significative étant bien sûr de faire jouer à l'éternel rebelle d'Happy Days, Fonzy, le rôle d'un proviseur intransigeant avec la discipline). Si sa mise en abîme avec le cinéma d'horreur n'est pas aussi poussée qu'espérée (on aurait aimé qu'il décalque encore plus le chef d'oeœuvre de Carpenter allant ainsi à fond dans le mimétisme), Scream n'en demeure pas moins un revival jouissif et malin d'un genre qui depuis est retombé dans ses travers les plus détestables (Souviens toi l'été dernier 1 & 2, Urban legend 1,2 et surtout 3, Mortelle saint Valentin,...). Le succès énorme de Scream « obligea » Wes Craven à rempiler pour deux autres épisodes.

 

 

Tel un poisson dans l'eau, le cinéaste s'exécuta avec une réelle efficacité (notamment en plaçant certaines de ses préoccupations face à la censure dans les dénouements des deux films) mais on attend toujours qu'il prenne enfin une direction plus ambitieuse. Ce qui après le sinistré et sinistre Cursed et le navrant Red Eye ne semble toujours pas à l'ordre du jour. Et si la trilogie Scream avait tout simplement sonné le glas d'un des artistes majeurs du cinéma d'horreur des années 70 et 80 ?

 

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