Critique : Zim and co

George Lima | 15 août 2006
George Lima | 15 août 2006

Non, Zim and Co n'est pas le énième film de banlieue de l'année. Ici, point de misérabilisme documentariste servant à planquer un fond aussi cliché que creux. Zim and Co, c'est une histoire simple de potes, de famille, et de solidarité. Certes, le contexte social du film ne change pas : le chômage, les brutalités policières, le racisme ordinaire et les restrictions économiques sont toujours là. Mais le traitement est différent. Rythmé, drôle et léger comme pour dédramatiser une situation dont le spectateur saisit la difficulté sans que la caméra et le scénario s'y collent ostensiblement et pathétiquement.

Cette balance entre le contexte et le ton, Jolivet l'utilise jusque dans la caractérisation des personnages secondaires. Les problèmes d'intégration et d'adaptation de cette bande de djeun's ne sont pour une fois pas dus à un environnement familial hostile ou à un monde d'adultes « egocentrés ». Les parents de Jolivet, bien que soumis à la précarité de leurs conditions, sont loin d'être démissionnaires, égoïstes ou pourris (sublime Nathalie Richard en mère copine et volontaire). Dans la banlieue du réalisateur, qui connaît son sujet pour avoir vécu dans ce milieu pendant près de vingt ans, l'entraide prime sur le chacun pour soi. Les potes de Zim ont leurs problèmes, leurs familles aussi, mais tous sont solidaires et veulent éviter la prison à leur copain. La situation est grave mais l'ambiance n'est jamais plombée. Et ce grâce à l'énergie des comédiens et à la fluidité des dialogues, qui n'abusent pas d'un phrasé banlieusard souvent trop appuyé dans les films du genre.

Ici, la jeune bande d'acteurs a elle-même retravaillé le texte, le rendant ainsi aussi juste que possible. Leur jeu et leur verve renforcent le naturel et l'humour des situations. La scène finale du contrôle d'identité, qui s'annonçait comme une énième séquence de clash entre police et jeunes immigrés, tient davantage d'une joute caustique et maligne (bien que critique vis-à-vis du racisme ordinaire) entre les autorités et ces rois de l'entourloupe. Adrien Jolivet, fils du cinéaste et compositeur de la BO du film, est le symbole parfait de cette troupe de gentils débrouillards et pourrait bien devenir, à l'instar du Tomasi du Péril jeune, une icône générationnelle pour un film qui ne l'est pas moins. Avec Fred, plus noir, et Ma Petite Entreprise, gentiment joyeux, Jolivet s'était fait une place en or au royaume des cinéastes sociaux.

Zim and Co, film frénétique, subtil et incroyablement juste malgré sa légèreté apparente, passe la seconde. Une image si optimiste de la banlieue est assez rare et précieuse pour être saluée comme le meilleur film du genre depuis La Haine de Mathieu Kassovitz.

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