Invasion Los Angeles : critique sans lunettes

Laurent Pécha | 11 août 2004 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Laurent Pécha | 11 août 2004 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Un autre film culte de John Carpenter.

Deuxième « petit » film dans le contrat passé entre Carpenter et la société Alive, Invasion Los Angeles (le titre original, They live, « Ils vivent », étant bien plus subtil) est encore un grand film de la part du cinéaste. Un de plus, donc, pour Carpenter qui n'est jamais aussi à l'aise et efficace que lorsqu'il se retrouve à la tête d'un faible budget. Carrefour de genres aussi différents que le western (les héros, leurs guns et leurs poses stylisées), la science-fiction à tendance paranoïaque (avec ces aliens invisibles pour l'œil humain, on pense bien évidemment à Body snatchers) et le film politique engagé, They live permet au réalisateur d'appuyer là où ça fait mal, tout en réussissant à proposer un récit de bout en bout jouissif.

 

photo Invasion Los angeles

 

Cette Amérique qu'il aime éperdument (comme il n'a de cesse de le rappeler dans ses interviews – voir sur ce DVD le remarquable documentaire qui lui ait consacré), il n'hésite pas à attaquer ceux qui selon lui l'ont mise plus bas que terre. Pas étonnant alors que ses héros soient des laissés pour compte (le héros principal s'appelle Nada, soit « rien »), des chômeurs ou clochards, que les méchants aliens se cachent sous les traits de yuppies, de flics ou même du président des États-Unis, et que leurs messages subliminaux ne soient en rapport qu'avec un ordre établi très rigoureux et basés sur la société de consommation. L'Amérique que décrit Carpenter est malade et le salut vient de la masse, de son peuple qui doit prendre conscience des maux qui la rongent.

 

photo

 

Avec They live, Carpenter se place ainsi en cinéaste engagé et quelque peu utopiste (la fin reste ouvertement optimiste pour la race humaine), sans pour autant oublier son rôle d'artisan, de « film maker » qui lui permet de signer, dans un Scope toujours autant maîtrisé, quelques scènes d'action d'anthologie à l'image de ce long combat à mains nues entre nos deux héros. Combat purement gratuit dans le récit, si ce n'est pour rendre un hommage appuyé au John Ford de L'Homme tranquille. Parvenir à faire passer ses idéaux tout en continuant à divertir son public, c'est sans doute ce qu'un cinéaste peut faire de mieux. Avec They live, Carpenter y est parvenu dans toutes les largeurs.

 

Affiche française

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