Critique : L'Été où j'ai grandi

Jean-Baptiste Herment | 2 août 2005
Jean-Baptiste Herment | 2 août 2005

Bien qu'étant l'un des meilleurs films italiens de ces cinq dernières années, L'été où j'ai grandi débarque à la sauvette en France, plus de deux ans après sa sortie. Regrettable à plus d'un point, cette sortie tardive reste cependant une excellente occasion de constater que le cinéma de genre transalpin n'est pas encore (complètement) mort. À l'image de Almost Blue et de Occhi di cristallo, le film de Salvatores prouve que les Italiens ont toujours la main et que, bien que rares, les films racés ont encore leurs place dans la patrie de Bava et Fellini.

Vendu comme un récit initiatique, ce qu'il est en partie, L'été où j'ai grandi est aussi un formidable film à suspense sachant instaurer une tension à couper au couteau, au détour de scènes à la fois sobres et intenses. Les dialogues entre le petit héros de 9 ans, Michele et Filipo, l'enfant reclus, sont à ce titre de grands instants de peur retenue, qui jouent beaucoup sur l'effroi du noir et de l'inconnu. Il est d'ailleurs bien dommage que le distributeur français n'ait pas traduit littéralement le titre original (J'ai pas peur), plus révélateur que cet « Ét酻, bien trop vague et anodin. Preuve aussi encore de son manque de confiance en son film. Avec son décor rural et ses villageois louches, L'été où j'ai grandi n'est pourtant finalement rien d'autre qu'une relecture du giallo rural, genre populaire dans les années 70 avec des chef-d'œuvres tels que La longue nuit de l'exorcisme de Fulci ou La maison aux fenêtres qui rient de Pupi Avati. Le réalisateur ose même dépeindre les enfants à l'image des adultes, ambigus et imparfaits, soit le contraire de ce qu'Hollywood veut nous faire croire chaque année un peu plus. Pour rendre justice à de tels personnages il fallait des acteurs au top : ils sont tous parfaits (surtout les enfants, d'une spontanéité incroyable), L'été où j'ai grandi nous frappe ainsi en plein cœur.
On ne saura terminer sans louer les qualités du directeur de la photo Italo Petriccione : certains plans saisissent de par leur beauté intinsèque et sont ni plus ni moins dignes de l'age d'or du cinéma transalpin ! Dès lors dire que ce petit bijou (l'un des plus beaux portraits de l'enfance qu'il nous ait été donné de voir depuis longtemps) est sans conteste le film à voir, voire le seul au cœur d'un été plus que morose d'un point de vu cinématographique.

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