Critique : Blood and bones

Vincent Julé | 20 juillet 2005
Vincent Julé | 20 juillet 2005

Tant sur la forme (une durée confortable de 2h30) que dans le fond (la question de l'intégration des coréens au Japon), le film de Yoichi Sai se positionne à priori comme une saga familiale réaliste, tirée d'une nouvelle de l'écrivain Yang Sogiru. Pourtant, s'il est bien question de portait, ce dernier ne se révèle pas multiple ou générationnel, mais, au contraire, égocentrique et édifiant.
Takeshi « Beat » Kitano campe ainsi avec une conviction effrayante un père tyrannique, dont la folie – au final insaisissable - détruit femmes et enfants, les uns après les autres. Au gré des viols, passages à tabac, suicides et même une lobotomie, la violence se fait graduelle sans devenir jamais coutumière. En effet, celle-ci s'exprime sans aucune logique rationnelle, et prend souvent le spectateur à rebrousse-poil. Yoichi Sai, grandement aidé par Kitano, réussit en fin de compte à vraiment nous faire partager le quotidien d'un monstre. Mais si aucune échappatoire n'est possible, il n'en est pas de même de la complaisance. Ce qui peut apparaître comme des excès de violence trouvent souvent résonance dans le propos du metteur en scène.

Par contre, lorsque l'empathie dont il fait part pour son personnage principal devient de la pure complaisance, le malaise peut s'immiscer chez certains spectateurs. Comme lors d'une des dernières phrases du film, mise en plus au crédit de la victime principale du bourreau : « Quoi qu'on en dise, mon père a toujours agi selon son bon plaisir. » Laissons-lui pourtant le bénéfice du doute, et à chacun d'apprécier, selon sa sensibilité, la frontière entre les deux, et le moment où la ligne jaune est franchie.

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