Critique : L'Avion

George Lima | 19 juillet 2005
George Lima | 19 juillet 2005

May day, may day ! ! ! Un appel au secours qui ne manquera pas de se faire entendre dans les salles de projection. En adaptant la célèbre bande dessinée Charly, Cédric Kahn s'est crashé. Auteur noir et dérangeant de L'Ennui, Roberto Succo et Feux rouges, le réalisateur français s'est noyé dans des flots de mièvrerie et de platitude.

Là ou la BD était intelligente et magique, le scénario de L'Avion chavire dans le mélo sirupeux et convenu. Ici, le postulat fantastique, celui de cet avion miniature superpuissant et doté d'une conscience, n'est qu'un vecteur de sentiments niaiseux déversés via une métaphore planplan sur l'éternité et la force de l'amour paternel. Métaphore ô combien originale dont la catharsis prend forme dans une scène digne du top five des guimauves 2005. Désespéré que son avion ait perdu ses propriétés magiques, Charly enterre son jouet (sur les conseils d'une petite copine agaçante au possible) dans l'espoir que papa Lindon refasse son apparition. Et au miracle ! Le fantôme revient des morts alors que son fils prie avec tout son grand cœur de petit bonhomme pour son retour sur les dunes. Ne nous épargnant aucun clicheton, Kahn pousse même le bouchon prétendument « romantico-onirique » jusqu'à situer l'action sur la plage. Sans doute plus romanesque qu'un HLM de banlieue…

Implorer le ciel que ce cauchemar se termine ne vous suffira pas : personne n'échappera à l'ultime discussion entre le fils triste mais digne et le papa aimant et bienveillant. Aussi émouvant qu'une pub pour lessive ! Enfin, vous vous dites que le pire est passé et bam ! Dans un ultime sursaut rose bonbon, Charly de retour de la plage se fend d'une réplique (fatale pour le spectateur) à l'attention de sa mère, chavirée par la mort de son époux : « Maman, Papa m'a dit de te dire qu'il t'aimait. » Et une larme de couler sur la joue d'Isabelle Carré. L'audace avait du bon dans le film noir, mais les films pour enfants eux supportent mal un extrême conférant ici à la bêtise.

Passerait encore si le film parvenait à nous divertir. Mais l'action est à l'image des dialogues : terne. À peine de quoi émerveiller les plus jeunes. Peut-être rêveront-ils eux aussi un jour de pouvoir voler mais le scénario hésitant sans cesse entre conte et mélodrame psychologique, il leur sera difficile de vraiment s'envoler avec Charly. Et que dire de l'affligeant méchant vilain, caricatural à souhait ? Ce scientifique avide de savoir et de pouvoir est bien trop ridicule pour que le spectateur, si jeune soit-il, voit en lui une quelconque menace. Pour ne citer qu'elle, la scène du château d'eau dans laquelle le « pas beau » s'accroche à la voiture d'Isabelle Carré est tout simplement magistralement pathétique.

Un conseil : si l'envie vous prenait de voir un film sur les relations père-fils, retourner voir Papa de Maurice Barthélémy. Pour le rêve, la féérie, la joie des enfants et la survie des parents, choisissez un autre Charlie : celui de Tim Burton.

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