Critique : Code 68

Aurélie Mayembo | 18 juillet 2005
Aurélie Mayembo | 18 juillet 2005

L'héritage de Mai 68 est une question peu abordée au cinéma. Le 7e art s'est penché à plusieurs reprises sur cette génération militante (on pense aux films de Romain Goupil) mais rarement, on a essayé d'en dresser un bilan critique. Une ambition à laquelle le réalisateur Jean-Henri Roger tente de répondre avec Code 68. Malheureusement, mal lui en a pris de choisir la fiction plutôt que le documentaire, tant son film ressemble à une enquête bâclée se contentant d'un scénario greffé par-dessus.

Histoire de souligner - de façon insistante - le fossé entre deux générations (celle de 68 et celle des années 2000), le réalisateur a inventé un couple père/fils qui ne se parle plus, l'un étant un ancien soixante-huitard (Gérard Meylan), l'autre un jeune ne supportant plus d'entendre parler de cette génération (Stanislas Merhar). Entre les deux hommes qui ne se côtoient pas, un personnage féminin Anne Buridan (!), petite amie du fils qui enquête sur le passé du père. Obsédée par Mai 68, elle interviewe ses anciens représentants (interprétés notamment par des acteurs vus chez Guédigian, producteur du film) afin de réaliser… un documentaire. Ca ne s'invente pas !

La faiblesse de Code 68 est ce personnage central qui se veut à la fois burlesque (elle se cogne à chaque scène dans un arbre ou un passant !) et décalé. Inventé par Judith Cahen, le personnage d'Anne Buridan semble comme égaré dans un film où il n'a pas sa place. La faute à une succession de clins d'œil et de références plus ou moins habiles (le costume de chinoise qu'elle porte en permanence, son nom en référence à l'âne de Buridan, les gimmicks à la Charlot de Judith Cahen) qui font sourire mais n'apportent rien à cette histoire.

Plus problématique est l'enquête qu'elle mène sur les liens entre intime et politique à l'époque de Mai 68. Comme elle, le spectateur aimerait en savoir plus sur ces anciens soixante-huitards dont les chemins ont suivi des trajectoires différentes et comment ils regardent ce(ux) qu'ils ont été. Hormis les entretiens avec Yann Doucet, l'astrophysicien (Jean-Pierre Kalfon), Pierrot (joué par Jacno) parti s'installer à la campagne et Marianne (Ariane Ascaride) reconvertie dans l'environnement, difficile de tirer des conclusions sur ce qu'il reste de Mai 1968. Si ce n'est que les soixante-huitards ont donné naissance à des enfants qui ne leur ressemblent pas !

Car, après nous avoir forcé à suivre ses maigres avancées, Anne Buridan renonce face à la complexité du sujet. Tant pis pour ceux qui ça intéressait... Elle se concentre alors sur un rapprochement entre Blaise, son petit ami et son père, Jean-Pierre. A ce moment-là, le film se transforme en une vague intrigue familiale (attention spoiler !) sur fond de trio amoureux. La boucle est bouclée : l'intime et le politique se rejoignent. La question de départ, elle, subsiste.

Résumé

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