Critique : Voici venu le temps

La Rédaction | 4 juillet 2005
La Rédaction | 4 juillet 2005

Voici venu le temps d'entrer dans un autre monde, nocturne où la nuit américaine domine et dans lequel les personnages sont habillés à la façon des mousquetaires.
Le réalisateur, Alain Guiraudie, qui signe ici son deuxième long-métrage (après Pas de repos pour les braves et plusieurs courts et moyens-métrages), a voulu faire de Voici venu le temps une histoire loin de notre vie quotidienne. Le titre n'est d'ailleurs pas sans rappeler la chanson de l'Île aux enfants : un univers léger. Cette comédie dramatique met en scène des guerriers, des bandits, une jeune fille enlevée et des paysans assoiffé de vengeance. Le décor est donc totalement planté dans un monde imaginaire. Le guerrier héros, Fogo Lompla joué par Eric Bougnon (Un crime au paradis), n'a pas de toit. Il vit chez ceux qui veulent bien l'héberger ou dort dans la nature. La plupart des scènes sont d'ailleurs filmées dans les superbes régions de Provence et d'Auvergne.

En plus d'un décor onirique, le spectateur entre dès la première scène dans un univers plus théâtral que cinématographique. Les dialogues sont très soignés et surtout très écrits. Par exemple, les questions sont posées avec une inversion du sujet, méthode de langage qui n'est guère plus usitée aujourd'hui. Le scénariste qui n'est autre que le réalisateur s'est amusé à inventer des mots : une monnaie, un alcool hallucinogène, un animal, une espèce de plante vivace, et des noms de personnages particuliers tel Rimamba Stomadis Bron, Gala Lomadis ou Saphir du matin. Un langage que l'on n'a pas l'habitude d'entendre, des noms à rallonge et des mots inventés n'aident pas le spectateur à entrer dans le film et demandent un effort de concentration pour comprendre des phrases qui deviennent complexes mais qui, cela dit, ont une jolie sonorité.

On regrette cependant certains dialogues qui sonnent faux, comme lors du repas entre Fogo Lompla et ses hôtes où les personnages parlent de tout et de rien mais ne semblent pas totalement convaincus de ce qu'ils disent. Au milieu de cet univers extra-ordinaire, le film veut aborder des thèmes bien actuels comme la politique, une réalité sociale difficile ou des sujets plus personnels comme l'homosexualité. Mais à vouloir concilier ces deux univers oniriques et réels, ne passe-t-on pas à côté de l'un et de l'autre ? Sans nul doute.

Hélène Caruso

Résumé

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