La Porte des secrets - critique possédée

À partir d'un scénario faisandé signé du talentueux arriviste qu'est Ethan Kruger, toujours prompt pour tenter de recycler son coup de théâtre final de Arlington Road, La porte des secrets fait partie de ces films bâtards qui tentent de remettre anachroniquement au goût du jour des formules qui en leur temps ont fait recette. Très lointain cousin d'Angel Heart (quand on parle de vaudou ou plus exactement ici de hoodou, on y vient forcément), le film ne semble s'adresser qu'à une tranche de spectateurs qui ne va presque jamais au cinéma. De celle qui peut être surpris de découvrir que le méchant de l'histoire n'est autre que celui qui était super gentil avec l'héroïne ou encore qui est capable de bondir de son siège à l'arrivée impromptue par l'arrière plan sur fond de musique lourde d'une présence finalement inoffensive.

Bref, La Porte des secrets respire le (mauvais) film à l'ancienne qui joue les ficelles les plus éculées de l'effroi pour mitonner un récit alambiqué (les flash-backs sur le lourd passé de la mystérieuse demeure sont particulièrement ridicules).

Il ne suffit pas alors d'avoir une solide direction artistique derrière soi (la maison et les marécages qui l'entourent ont de la gueule) et un casting alléchant ou du moins intriguant pour que la sauce prenne. Dommage car l'idée qu'il faut croire aux puissances occultes pour qu'elles deviennent efficaces aurait mérité un tout autre traitement que cette sorte de variation « louisianesque » de La Tour d'écrou. Quant à la présence de John Hurt (qui a du avoir un mal fou à apprendre son « imposant » texte) et Gena Rowlands, on se contentera, en souvenir du bon vieux temps, de se dire qu'il est bien difficile de vieillir à Hollywood, le regard que se lancent les deux comédiens dans les derniers instants du film pouvant laisser penser quelque part qu'ils ne sont pas dupes de la situation.