Critique : Au suivant !

Laurent Pécha | 24 juin 2005
Laurent Pécha | 24 juin 2005

Après Loulou dans Brice de Nice, c'est au tour de Chouchou d'avoir les honneurs de la tête d'affiche d'une comédie. Et comme Jean Dujardin avant elle, Alexandra Lamy fait équipe avec le déjà indispensable Clovis Cornillac. La présence du comédien, grosse révélation du paysage cinématographique français de ces 18 derniers mois , est ici essentiel tant Au suivant ! doit ses rares moments d'éclat à sa prestation dantesque.

Premier film d'une ancienne directrice de casting qui reprend pour l'occasion son court-métrage tourné à l'époque avec Isabelle Nanty, Au suivant ! ne parvient à transformer l'essai de la comédie sympathique que lors des seuls moments où Cornillac apparaît l'écran. Véritable accélérateur de particules (comiques), l'acteur trouve en Bernard Dimanche un rôle taillé sur mesure pour sa générosité et inventivité de jeu. Parvenant à se lâcher sans jamais être ridicule, il réussit à composer un personnage étonnement attachant, alternant avec bonheur les séquences de rires (son improvisation géniale en faux inspecteur de police anglophone ou encore en standardiste anglais feintant d'avoir Julia Roberts en ligne) et les moments touchants (derrière le clown, se cache un cœur énorme à l'image de ses rapports avec sa petite fille).

Malheureusement, le scénario d'Au suivant ! nous enlève trop souvent le comédien des péripéties du récit, lui préférant de façon incroyablement mal inspirée un réalisateur américain has been et obsédé du cul et un réfugié politique squattant l'appartement d'une Joséphine stupidement passive (une situation aussi ridicule qu'embarrassante pour le film). Alors que Jeanne Biras avait les cartes en mains avec son couple vedette (sans être transcendante, Alexandra Lamy sait se montrer convaincante) pour dérouler les rouages d'une comédie tendance romantique des plus recommandables, elle s'égare trop souvent à l'image d'une réalisation particulièrement approximative (les gerbants plans en DV en boîtes de nuit). À trop vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, la cinéaste gâche même les bons points de son film : un univers original, celui du recrutement par casting, seulement survolé, des tronches de comédiens-figurants enthousiasmantes (ceux du centre des impôts en tête) mais qui disparaissent plus le film avance.

Reste que malgré l'aspect complètement mineur et en grande partie raté d'Au suivant !, il est paradoxalement bien difficile de ne pas pousser à la tentation de le recommander en cette période estivale où les exigences cinéphiles sont plus souples, la remarquable prestation d'un des meilleurs acteurs français du moment étant un argument de poids presque irrésistible.

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