Critique : Imposture
Comment dire ? Le titre du dernier film de Bouchitey est pour le moins on ne peut mieux trouvé. Imposture, du latin « impostura » qui veut dire tromper par de fausses apparences, définit en effet avec une certaine pertinence cette histoire foireuse de professeur littéraire et critique ad hoc en mal d'inspiration jusqu'au jour où l'une de ses étudiantes lui soumet un brillant manuscrit. Faut-il continuer l'exposé du synopsis ou, comme l'auteur de ces lignes, tout le monde aura deviné après trois minutes trente secondes de film la suite des événements ? De fait le reste du métrage (soit 95 minutes tout de même) n'est qu'un long tunnel où rien ne viendra infléchir le ronronnement de l'exposé initial (kidnapping du manuscrit et de son auteur, publication du livre, relation entre le geôlier et sa victime, obligation d'un second livre, collaboration, retournement de situation
). De quoi en rester bouche bée d'admiration devant une telle obstination !
Ça c'est donc pour le scénario aussi insipide que convenu. Mais que dire ensuite de la mise en scène de Bouchitey que l'on pouvait espérer un peu moins plan plan voire un tantinet plus inspirée au regard du souvenir que nous avait laissé Lune Froide (quatorze ans déjà), sa précédente et jusque là unique réalisation en forme de mini coup de maître ? Ici il n'est point question de photo en N&B (on est plus proche d'une série à la Navarro qu'autre chose), de cadrages un peu branques (un classicisme de mauvais aloi affleure en effet au détour de chaque plan) et encore moins d'une quelconque direction d'acteurs, bref d'une grammaire visuelle qui aurait peut-être permis de sauver du naufrage l'entreprise. Au lieu de cela on a droit à un Bouchitey acteur aussi « incroyable » (au sens littéral) que son film dont la dégaine empâtée et maladroite ne convainc vraiment personne tant en professeur qu'en kidnappeur. Seul surnage Laeticia Chardonnet (la kidnappée), dont c'est le premier rôle au cinéma, grâce à une certaine sensualité et une faculté innée à prendre la lumière.
On l'aura compris, Imposture fait partie de ces objets cinématographiques peu recommandables que l'on pourra dors et déjà placer dans la liste des pires films de l'année. Dernière chose ! C'est EuropaCorp, la boîte de Besson, qui produit (Bouchitez / Besson avaient déjà fait équipe avec Lune Froide) et donc Digital Factory qui mixe façon bourrin (on se croirait dans Michel vaillant 2) la bande-son d'un film qui aurait nécessité un langage sonore beaucoup plus subtil au vu du sujet et de l'action. Quand on vous dit qu'il s'agit là d'une imposture
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