Critique : Lemming

La Rédaction | 12 mai 2005
La Rédaction | 12 mai 2005

Dans Lemming, second film de Dominik Moll après le remarqué Harry, un ami qui vous veut du bien, l'histoire d'un jeune couple qui se retrouve mêlé à des histoires d'adultère, de mensonges, du vieillissement de l'amour en invitant un couple plus âgé, nous renvoie au fantôme de Lynch et notamment Lost Highway par son personnage confronté à la paranoïa, la schizophrénie qui emmène se perdre le spectateur dans un cauchemar troublant. Cependant, le schéma habituel de la blonde et la brune de Mulholland drive est remplacé ici par la présence de deux femmes brunes à deux âges de leur vie (Charlotte Gainsbourg et Charlotte Rampling) qui rendent fou un Laurent Lucas décidément bien décidé à être de tous les « calvaires » cinématographiques. Comment aussi ne pas penser à Blue Velvet en voyant ces banlieues avec jardin vert bien arrosé ? Cependant Moll ne se veut pas esthète, visionnaire et ne tente jamais de faire du sur-Lynch.

Si la comparaison entre Lynch et Moll s'impose, c'est surtout dans leur capacité à nous faire découvrir une dimension insoupçonnée dans des espaces si communs. En fait, on pense aussi beaucoup à la vague horrifique japonaise, ces Ring, Dark Water et surtout The Grudge. Cette façon de réussir à explorer les parts les plus sombres de nos appartements ou de nos maisons. Et ce qui surprend aux premières images c'est que si Harry, un ami qui vous veut du bien était un thriller rural, Lemming est définitivement urbain ; des webcaméra supercopter, une présence constante des visiophones et des écrans, des espaces urbains des années 80, des laboratoires, un campus. Quant au Lemming qui donne le titre à ce mystérieux film, il s'agit d'un hamster qui est retrouvé mort dans un lavabo et qui va entraîner le couple dans un cauchemar.

Avec Moll, nous sommes ni dans le fantastique, ni dans le thriller, mais dans le bizarre clinique mais jamais malsain. Car ce qui fait la force de son jeune cinéma, c'est sa capacité à faire grandir une angoisse tout au long du film sans que jamais celle-ci n'explose. En seulement deux films (sur)médiatisés, Dominik Moll parvient à s'imposer comme un véritable auteur talentueux, évènement suffisamment rare dans le jeune cinéma actuel français pour ne pas l'accueillir avec enthousiasme. En attendant peut être un jour de le voir remporte une Palme d'Or comme un certain…Lynch.

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