Critique : Akoibon

Vincent Julé | 11 avril 2005
Vincent Julé | 11 avril 2005

Après la Camargue et sa bande de bras cassés en plein brainstorming pour une émission de télévision dans La Bostella, Edouard Baer retrouve le soleil du Sud de la France dans Akoibon. Drôle de titre pour un drôle pitch : Nader, un petit escroc, est contraint de se rendre sur une minuscule île, pour tenter de débusquer Chris Barnes, ex-roi de la jet set, et y rencontre Daniel, qui a laissé femme et enfants pour retrouver une jeune inconnue contactée par Internet. Tel quel, ce joli fourre-tout a de quoi laissé perplexe. Surtout que cette entrée en matière ne fait jamais le choix de la pure parodie, mais se laisse vivre avec légèreté et décontraction. Un premier gimmick scénaristique voit les deux compères échanger leur identité, avant que l'idée ne soit abandonnée en chemin. Les tenants et les aboutissants de l'intrigue suivent ainsi une nébuleuse, qui en ennuiera certains, mais qui se révèle loin d'être désagréable pour qui est un peu familier de l'univers décalé d'Edouard Baer. Ce dernier préfère d'ailleurs s'amuser avec sa galerie de personnages et sa brochette de comédiens : Jean Rochefort, Benoît Poelvoorde (égal à lui-même), Chiara Mastroianni, Jeanne Moreau, Josée Dayan (impayable), François Rollin (fidèle au poste) et surtout Nader Boussandel. Repéré lors des auditions du spectacle Le Grand Mezze, il campe ce faux caïd et vrai généreux avec délectation et est sans conteste la révélation du film. Pourtant, la douce folie qui souffle sur la première demi-heure se mêle rapidement à une forte impression de facticité. Une dérision et une distanciation s'insinuent dans plus en plus de plans et certains protagonistes pètent littéralement les plombs jusqu'à…

Ceux qui voudraient préserver le film dans son intégralité et son intégrité, et l'apprécier ainsi à sa juste valeur, devraient stopper net la lecture de cette critique. Quant aux autres, à leurs risques et périls.


Jusqu'à ce que, donc, tout l'édifice mis en place s'effondre dans un vrai coup de théâtre et une fausse mise en abyme cinématographique. Le concept n'est pas sans rappeler Les clefs de bagnole de Laurent Baffie, où celui-ci se mettait en scène dans le film qu'il avait écrit et essayait de tourner. Edouard Baer pousse cette jolie, et toujours efficace, idée encore plus loin, dans ses derniers retranchements, puisqu'une fois la mise en abyme mise au jour, le film continue. Ou plutôt doit continuer. Cela donne droit à des dérapages absurdes ou surréalistes, qui, s'ils laissent parfois une impression de déjà-vu, restent toujours truculents, voire ludiques. Dommage peut-être que le principe tende à devenir systématique sur la fin.

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