Critique : Breaking news

Stéphane Argentin | 5 avril 2005
Stéphane Argentin | 5 avril 2005

Présenté hors compétition à Cannes en 2004 et disponible depuis de nombreux mois déjà en import DVD HK, Breaking news, l'un des derniers films du très prolifique Johnnie To (qui en a déjà bouclé quatre autres depuis !) sera donc le troisième long-métrage du cinéaste à bénéficier d'une sortie dans les salles françaises après The mission et Fulltime killer et en attendant la sortie prochaine de PTU.

C'est d'ailleurs précisément à la croisée de ces deux derniers que se situe Breaking news, entre polar tendu et « entertainment » visuel. Si Fulltime killer peut en effet être vu comme un simple exercice de style de la part de To (l'un des meilleurs metteurs en scène hongkongais, visuellement parlant, à l'heure actuelle) et que PTU constitue probablement le polar le plus noir et le moins démonstratif de toute sa filmographie, Breaking news parvient à concilier les deux grâce à un excellent dosage lui permettant ainsi de s'adresser à un plus large public.

Breaking news permet en effet à Johnnie To de démontrer toute l'étendue de sa maîtrise de l'image en scope (même si ceux qui ont déjà vu PTU n'auront plus besoin de preuves supplémentaires). Il suffit pour s'en convaincre d'observer les deux prodigieux plans-séquences d'environ sept minutes chacun au début (à la grue) puis à la fin (au steadycam dans un minibus) ou encore l'utilisation à bon escient de split-screens pour synchroniser des actions explosives (le syndrome 24 heures chrono mais employé judicieusement et avec parcimonie).

Mais au delà de la simple maîtrise technique, cet excellent jeu de cache-cache dans une citée HLM (on pourra alors penser au Time and tide de Tsui Hark) entre policiers et voleurs filmé pratiquement en temps réel tire également sa réussite du propos sous-jacent mais néanmoins très intéressant sur le pouvoir et la manipulation des images dans la société contemporaine. À mesure que les technologies progressent, les flics cherchent sans cesse à redorer leur blason, souillé à la moindre « bavure » amplifiée au-delà de toutes proportions par des médias de plus en plus prompts à véhiculer l'information dans le simple but de satisfaire aux désirs du public et de l'audimat.

« Nous allons leur donner du grand spectacle » annonce l'inspecteur Rebecca alias Kelly Chen, par ailleurs le seul personnage féminin du film (une preuve supplémentaire de la misogynie de To ?). Mais, au milieu de ce véritable show urbain où tout un quartier et ses habitants ainsi que, par extension, tous les spectateurs de la ville deviennent le théâtre de l'action, Breaking news ne dépeint pas pour autant les différents « groupes » de personnes comme étant soit tout blanc ou bien tout noir, qu'il s'agisse des flics, des voleurs ou bien des otages / victimes, comme en atteste ce petit repas improvisé de part et d'autre qui pourra prêter à sourire. Un choix judicieux de plus qui permet au récit de s'inscrire d'autant mieux dans une certaine véracité contemporaine par delà le simple divertissement cinématographique.

Un scénario bien ficelé, une mise en scène au cordeau, une interprétation aux petits oignons, le tout ponctué de quelques notes d'humour bien senties. Breaking news n'est certes pas un chef d'œuvre mais du cinéma d'action (accessoirement made in Hong-Kong) comme on aimerait bien en voir plus souvent. Spectaculaire, prenant, divertissant sans pour autant être totalement décérébré. Que demander de plus ?

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