Critique : Man to man

Aurélie Mayembo | 17 mars 2005
Aurélie Mayembo | 17 mars 2005

Croisement de Greystoke et d'Elephant Man pour son évocation d'êtres primitifs transformés en phénomènes de foire, Man to man de Régis Wargnier se veut un éloge de la différence. Au centre du film, une interrogation : les pygmées sont-ils des êtres humains ? Le spectateur aura vite fait d'y répondre, mais bon… Pour qu'il y ait éloge de la différence, encore aurait-il fallu s'intéresser un peu plus aux Pygmées… pour montrer en quoi leur humanité est sujette à caution. Hormis une séquence d'ouverture en Afrique et quelques scènes où Toko et Likola se révoltent contre leur captivité, ces personnages ne prennent jamais vraiment chair. Dommage !

Bizarrement, Régis Wargnier a préféré plus se pencher sur la société victorienne que sur ces Pygmées, lorgnant ainsi vers un James Ivory écolo. Résultat, un film distancié qui, contrairement, à ce qu'on pourrait attendre ne dénonce pas grand chose, sauf la bêtise d'une société trop sûre d'elle-même (c'est déjà ça) et les errements de la science à la fin du XIXe siècle. Avec son trio de « Christophe Colomb de l'évolution », le réalisateur verse dans le ridicule et livre des caricatures de scientifique : l'opportuniste, le fou furieux et bien évidemment, le gentil incarné par un Joseph Fiennes peu convaincant. Ironie du sort : dans ce film qui entend rappeler comment l'anthropologie a servi des causes racistes, le physique des personnages déteint sur leur personnalité. Blond et sec, Alexander sera celui par qui le drame arrive en se révélant prêt à toutes les expérimentations pour prouver que le pygmée est le chaînon manquant. Rond et affable, Fraser sera celui qui devra choisir entre sa conscience et son ambition.

Dans ce bain de bons sentiments traversés de crises d'hystérie, surnage Kristin Scott-Thomas dans le rôle de Elena Van Den Ende. Femme d'affaires faisant commerce des animaux sauvages et de populations esclavagistes, elle est un personnage ambigu, à la fois doux et cruel. À elle seule, elle apporte un peu de cette subtilité qui manque cruellement au film. La part féminine, certainement.

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