Creep : critique zigouille dans le métro

Patrick Antona | 17 mars 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Patrick Antona | 17 mars 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le premier film de Christopher Smith, qui deviendra un petit nom qui compte pour les amateurs de film de genre, avec Franka Potente qui affronte des choses pas très catholiques dans le métro londonien.

Participant au renouveau d'un cinéma d'horreur renouant avec une vision plus respectueuse du genre (il est loin désormais le second degré et la gaudriole des Scream et consort), Creep, s'il n'est pas non plus un chef d'œoeuvre, s'avère être au final un produit honnête s'appuyant à la fois sur une ambiance crade, des scènes-chocs électrisantes et une interprétation de qualité dominée par Franka Potente (Cours, Lola Cours, La Mémoire dans la Peau) très crédible dans son rôle de proie qui se verra poussée dans ses ultimes retranchements.

La belle allemande, qui n'en est d'ailleurs pas à son premier « slasher », déjà vedette outre-Rhin des deux films de la série Anatomie, reste l'atout premier d'un film. Campant de manière crédible un personnage de fashion-girl assez antipathique, elle se verra confrontée à ses peurs les plus traumatisantes et à une complète remise en question de ce qui motivait son existence.

S'inscrivant dans la mouvance des relectures des classiques des années 70, après Massacre à la Tronçonneuse et L'Armée des Morts, en privilégiant une approche réaliste d'une situation angoissante débouchant sur un fantastique complètement assumé, il faut reconnaître que le point central de Creep, à savoir la présence d'un monstre cannibale dans le métro londonien, est très fortement inspiré par Le Métro de la Mort (Death Line), un film anglais de 1972 avec Donald Pleasance. Mais délaissant le côté enquête policière de son modèle, c'est un véritable survival que Christopher Smith nous offre pour son premier film de fiction au cinéma, avec un usage adroit de la claustropobie inhérente au décor principal et sa description des sous-sols putrides de Londres infestés de rats, ainsi que l'apport de personnages secondaires correctement exploités (du couple de junkies SDF à l'égoutier ex-dealer) et de scènes gore distillées savamment.

Et même si les rebondissements de l'intrigue, dans la dernière partie du métrage surtout, n'évitent pas la redite et sont même un peu gâchée par quelques erreurs flagrantes (la maladresse de Kate en pleine action), Creep remplit son contrat honorablement, n'hésitant pas à flirter avec un humour, plutôt proche de l'ironie que de la parodie (voir la scène finale), tout en réussissant à évoquer, au détour d'une scène-clé, Elephant Man et sa description de la monstruosité.

 

Affiche officielle

Résumé

Au final, s'il n'évite pas les scories du genre, le film de Christopher Smith est une des bonnes surprises du cinéma fantastique de ce début d'année grâce à son sens du suspens soutenu, à la direction artistique de qualité (une mention particulière pour le maquillage impressionnant de la créature des sous-sols) et porté de manière convaincante par une Franka Pottente omniprésente qui crée avec son rôle de « star-fuckeuse » traquée mais retors une nouvelle forme de vedette de films d'horreur, dans la digne lignée de Jamie Lee Curtis.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
pepe 2
15/02/2020 à 23:25

Une petite pépite ce Creep, 1 an avant the descent.
Cette ambiance dans le métro, et ce fantasme des couloirs et portes perdues qui pourraient nous mener je ne sais où ...

votre commentaire