Critique : Vaillant, pigeon de combat !

Stéphane Argentin | 28 février 2005
Stéphane Argentin | 28 février 2005

Après une fin d'année 2004 particulièrement faste (Le pôle express, Les indestructibles et, dans un autre registre, Ghost in the shell : Innocence), puis un mois de février plutôt fade (Pollux, Pinocchio et Bob l'éponge), avril s'annonce à nouveau sous un soleil radieux pour les long-métrages d'animation. Pourtant, il n'y avait à priori pas vraiment de quoi sourire étant donné le contexte de Vaillant (la seconde guerre mondiale). Mais c'était oublier un peu vite la capacité qu'ont nos voisins britanniques de s'affranchir d'une telle contrainte pour mieux nous faire rire, comme l'avaient déjà prouvé Nick Park et Peter Lord il y a quatre ans de cela avec leur grande évasion de volatiles, Chicken run.

Et si, pour les besoins de Vaillant, les animaux à plumes diffèrent (des pigeons à la place des poules), le but reste le même : nous divertir intelligemment. Sitôt les présentations faites (le petit courageux, le déserteur moulin à paroles, l'intello maniéré et les deux frères simplets), Vaillant trouve rapidement sa vitesse de croisière en enchaînant à un rythme suffisamment soutenu pour ne jamais ennuyer des gags aux niveaux d'interprétations multiples. Car sa jolie réussite, ce long-métrage d'animation la doit autant à l'emploi d'animaux familiers et à l'affranchissement des contraintes physiques liées à cet emploi (les ailes deviennent des bras et les plumes des doigts) qu'à ses numéros comiques qui sauront amuser à la fois petits et grands.

Les créateurs du film ont d'ailleurs bien retenu leurs leçons auprès de certains de leurs confrères (qui a dit Pixar ?) et s'appliquent à les réciter avec soin du début à la fin. Là où les plus petits se régaleront des gags essentiellement visuels liés pour beaucoup aux nombreuses maladresses des héros (passages répétés à l'infirmerie, petite séance pétomane à la Shrek…), les plus grands y verront d'innombrables clins d'œils cinéphiles et historiques, sans oublier les énormes caricatures linguistiques du côté allemand et français (qu'adviendra-t-il de ce dernier point après l'étape du doublage ?).

Difficile en effet de ne pas reconnaître le G.I. américain à la John Wayne (le commandant Courage et ses lunettes polarisées), Full Metal Jacket (le sergent instructeur), Patton (les dernières recommandations avant la mission sur une estrade devant un gigantesque drapeau), Les canons de Navarone (le bunker des allemands), Apocalypse Now (La chevauchée de Walkyries), sans oublier bien entendu La bataille d'Angleterre lors des combats aériens qui opposent les pigeons de la Royal Air Force aux faucons de la Luftwaffe. Ces derniers sont d'ailleurs une version à peine détournée de l'aigle emblématique du Troisième Reich dirigé par le commandeur en chef des troupes SS du haut de son Nid d'Aigle à Berchtesgaden.

C'est précisément là la dernière qualité de Vaillant : caricaturer la réalité historique et cinématographique pour mieux délivrer son message, en l'occurrence que même les plus petits ont eu leur rôle à jouer au cours de ce conflit mondial. Et si l'art et la manière d'y parvenir ne sont pas encore aussi riches que chez d'autres (qui a dit Pixar une fois de plus ?), cette première mission en territoire ennemie reste néanmoins accomplie avec succès.

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