Critique : Le Souffleur

Comme pour Mensonges et Trahisons, Luc Besson aime à donner un coup de pouce à un jeune auteur via sa boîte de diffusion Europacorp. C'est le cas avec Le Souffleur, où il n'est pas question de bolides ni de bastons, malgré la présence de Frédéric Diefenthal et une affiche où l'on croit reconnaître le marseillais Titoff. Le Souffleur n'est donc pas une comédie musclée, mais un premier long-métrage qui lorgne vers le one-man show.

Ecrit, joué et réalisé par un seul homme, Guillaume Pixie, Le Souffleur décrit l'univers d'un grand enfant effrayé par la vie et qui lui préfère les répliques qu'il invente. Le film alterne entre scènes burlesques quasi muettes où le personnage affronte le monde extérieur (matérialisé par un pigeon ou une recruteuse au débit militaire) et de nombreux monologues où il se révèle impertinent, vachard et doué d'un véritable sens de la formule. Art de la comparaison (« Tu es d'une beauté à se faire dresser la Tour de Pise »), aphorismes personnels (« Tant qu'il y aura des mots, il y aura des trous ») et goût des calembours, tout concourt à faire de Félix un personnage atypique aux névroses attendrissantes.

Avec sa double casquette, Guillaume Pixie s'est taillé un rôle sur mesure. Il faut dire que Félix était déjà le personnage principal de son court-métrage multi primé, Pixie, ainsi que d'un spectacle sur scène. A l'écran, cela se traduit par des répliques ciselées, drôles et souvent brillantes. Contrepartie, les seconds rôles sont bien fades quand ils ne sont pas caricaturaux. Philippe, l'ami d'enfance (Frédéric Diefenthal) est un ersatz du Joey de Friends, piètre acteur, beau parleur, tandis que Clara (Linda Hardy) finit par être transparente à force de naïveté.
Parti d'une bonne idée, le scénario ne tient pas toutes ses promesses et s'essouffle en 1h12. Au lieu de lui donner des ailes, l'intrigue sentimentale plombe le film. Dommage ! On espère revoir Félix dans une histoire plus captivante.