Critique : Arnold à la conquête de l'Ouest

Tout est question de suite et de filiation aux Etats-Unis. Georges W. Bush Jr à la place de son père ; Arnold Schwarzenegger entrant en politique quelques vingt années après que Ronald Reagan ait été président ; Alex Cooke réalisant son documentaire acide sur l'Amérique bushiste un an après celui palmé de Michael Moore. Si dans le cinéma fictionnel la série est un plaisir que l'on ne cache plus, en ce qui concerne le documentaire, et accessoirement la vie, on commence à s'en lasser.
Et le problème n'est pas tant Arnold ou George qui s'ils ne sont pas au goût de tout le monde l'ont été suffisamment pour avoir été élus, mais bien du long-métrage lui-même, dernier rejeton de la lignée militante des mooriens. Que les politiciens se copient allègrement pour arriver à se placer, pourquoi pas. Que les artistes adoptent la même identité juste pour pouvoir être une voix de plus dans la foule des contestataires, cela commence à être usant.

D'autant que ce long-métrage n'est qu'un dégradé de son modèle : une forme faussement pertinente mais vraiment paresseuse de montage où les images, finalement très communes, sont étudiées et commentées par un lycéen ayant eu une basique leçon d'analyse du discours politique. Quelques parallèles avec le métier d'acteur plus loin, le film n'est rien qu'un zapping sur Gouvernator.
Cet évènement atypique, cette élection tant décriée, méritait pourtant mieux que cette investigation de chambre où le journaliste croit qu'en montrant un garde du corps lui refusant l'entrée à un bus, il a épinglé les entraves au quatrième amendement. Les dysfonctionnements sont nombreux et les angles d'attaque auraient pu être cinglants avec un peu de travail. Les rapports de l'acteur avec le monde des finances (quoique cela ne soit pas très original) ou le motif de cette élection (qui est toujours obscur) ne sont que des exemples parmi d'autres.
Le générique terminé, on en vient alors à se demander ce qui a valu une sortie en salle à ce reportage télévisuel.