Critique : En attendant le déluge
À la vision du film, on ne peut pas s'empêcher de penser à une chose : Damien Odoul essaie de nous refiler sa vison du « dogme », charte que Lars Von Trier avait élaboré il y a de cela dix ans. Pour vous et nous rafraîchir la mémoire, ces préceptes devaient permettre aux réalisateurs de s'affranchir de tout habillage esthétique pour ne laisser transparaître que la réalité, et non l'illusion du cinéma. Mais ici ne transparaît que le vide et le fouttage de gueule. Si parfois on arrive à ressentir ce que Damien Odoul essaie de nous raconter, à savoir sa vision sur l'art dans la vie, la vie dans l'art et tout le tralala, tout ceci prend la forme d'un mauvais marivaudage, que le style volontairement dépouillé, mais sans inspiration aucune (à la différence des films du Dogme) fait virer dans le documentaire pathétique tourné façon film de vacances.
On pourrait parfois éprouver un peu de sympathie pour cette aventure un tant soit peu hasardeuse, mais Damien Odoul arrive à tout gâcher en se mettant en scène de manière ridicule (la scène des boules en est un parfait exemple), en pontifiant à tour de bras et en faisant des citations philosophiques très lourdes. Mais que sont venus faire Anna Mouglalis (bien plus convaincante dans Novo) et surtout Pierre Richard dans cette galère ? Pour ce dernier, espérons qu'un tel film n'augure pas d'une fin de carrière, cela serait trop triste de partir sur une telle faute de goût.
En voulant faire un film qui soit une réflexion sur la création et la comédie de la vie, Damien Odoul (dont le premier film avait raflé le prix de la critique internationale à Venise en 2001 !) n'a réussi qu'à accoucher d'un pensum exaspérant, agaçant de surcroît avec ces scènes de soi-disant « comédie » qui font plutôt penser à un sketch des Robins des Bois se voulant sérieux. La facture esthétique volontairement pauvre n'arrange rien, finissant même par apparaître comme une excuse au vide abyssal qui habite le film. Il est à noter que, outre celle de réalisateur, Damien Odoul cumule les casquettes de scénariste, comédien, directeur de la photo et directeur artistique : beaucoup trop pour un seul homme au vu d'un tel gâchis !
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