Critique : Pinocchio le robot

Stéphane Argentin | 7 février 2005
Stéphane Argentin | 7 février 2005

Après Pollux, le manège enchanté la semaine dernière, place à la réactualisation d'un autre personnage de notre enfance, Pinocchio, qui, de pantin de bois à l'origine devient, à l'aube de ce XXXIème siècle, un robot fait de métal et de boulons, une sorte de Nono le petit robot de la série Ulysse 31.

Mais si, pour le héros d'Homère, la transposition dans un univers futuriste était pour le moins réussie, dans le cas du personnage imaginé par Carlo Collodi à la fin du XIXème siècle, le résultat est bien peu concluant. Cette version numérique a beau reprendre les personnages et les idées du livre originel (Gepetto qui fabrique un petit garçon, le nez qui s'allonge, la bonne fée, la baleine…) et les inscrire dans un contexte moderne parfaitement justifié (les fabrications « artificielles » qui prennent le pas sur la nature), plusieurs « fautes » de goût réduisent à néant cette tentative de mise à jour. Tout d'abord, le message écolo nous est asséné à grands coups de marteau et avec une telle naïveté qu'il en ferait presque passer Le jour d'après pour un long-métrage d'une grande subtilité. D'accord, le film s'adresse avant tout à des enfants, mais de là à prendre nos chères têtes blondes pour des demeurés, il y a tout de même des limites !

Ensuite, pour aussi réussie que soit la technique, il semble que le réalisateur canadien Daniel Robichaud, ancien superviseur de l'animation chez Digital Domain (la société d'effets spéciaux fondée par James Cameron) se soit un peu trop inspiré du Cinquième élément pour sa citée verticale. Si cette ressemblance pour le moins frappante peut à la limite s'oublier bien vite, on ne pardonnera pas en revanche cette volonté d'inscrire le film dans le phénomène de société actuel que sont tous ces shows télés « À la recherche de la nouvelle poule ». Comment en effet justifier par deux reprises, en plein milieu du récit la présence de deux « battle » dansante et chantante entre Pinocchio et cette fifille à papa tout droite sortie d'un magazine tel que « Jeune et jolie » ?

Si ce robot là espérait renouer avec le conte mythique et féerique de Collodi en transformant le bois en acier, le crayon en pixel et le XIXème siècle en XXXIème, et bien Pinocchio a menti. Oubliez cette version du troisième millénaire et tenez-vous en au film d'animation Disney datant de 1940, à l'époque où les studios de feu l'oncle Walt savaient nous émerveiller comme personne avec des histoires comme celle de ce pantin de bois qui voulait devenir un véritable petit garçon.

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