Assaut sur le central 13 : Critique

Laurent Pécha | 7 février 2005
Laurent Pécha | 7 février 2005

Depuis quelque temps, la mode est au remake de films fondateurs du cinéma fantastique des années 70. 

Après donc ceux plus ou moins réussis de Massacre à la tronçonneuse, Zombie et en attendant La colline a des yeux (d'Alexandre Haute Tension Aja), voici venir le remake de Assaut de John Carpenter. Aux commandes de cet improbable projet (mais les titres précités l'étaient ou le sont aussi), un réalisateur français, Jean-François Richet parti tourné aux States (même si pour la petite histoire, l'origine du projet se trouve en France) comme bon nombre de ses collègues européens et même français, comme Florent Emilio-Siri. 

 

 

Justement, il est judicieux d'évoquer le nom du réalisateur du prochain Bruce Willis (Hostage) puisque même s'il s'en défend bec et ongles, Siri a bien déjà proposé sa version modernisée d'Assaut avec Nid de guêpes. Un film d'action épatant et qui à fortiori plombe encore un peu plus l'idée de se taper un nouveau remake d'une des œuvres majeures de la filmographie de Carpenter. Alors si sans grand étonnement, Assaut sur le central 13 (titre littéral mais pourtant diablement con d'Assaut ) est loin d'égaler en impact et efficacité le film de big John, l'angle d'attaque et les partis pris principalement narratifs choisis par Richet et son équipe permettent d'offrir un spectacle des plus divertissants. En somme, rien de mémorable à se mettre sous les rétines mais largement de quoi passer un bon moment.

 

 

En entrant dans la salle, on a beau être surpris de retrouver aux manettes d'un « actionner » comme Assaut sur le central 13, le réalisateur de De l'amour et Ma 6-T va crack-er, soit deux films engagés ou à thème, il ne faut qu'une séquence d'introduction mouvementée, filmée caméra à l'épaule pour être séduit et considéré que Richet peut être l'homme de la situation. Tout aussi réussie, la première demi-heure, soit la mise en place de l'intrigue originale menant au siège du commissariat avec des variantes plutôt attrayantes (un décor enneigé, un criminel arrêté et incarcéré dans le central 13 qu'un groupe de flics veut voir disparaître) assoit le film sur des bases solides à défaut d'être passionnantes. En quelques séquences et dialogues et bien aidé par un casting extrêmement homogène (à l'exception d'un John Leguizamo qui en fait des tonnes en prisonnier rebelle), Richet cerne ses personnages et leur assène une psychologie certes schématique mais qui colle plutôt bien à l'univers du thriller d'action qu'il est en train de créer. En particulier, le rôle tenu par Ethan Hawke qui grâce à une efficace blessure psychologique (un flic ayant mal tourné après une opération, fuit toute responsabilité et leadership) s'offre une prestation très convaincante de héros traumatisé qui va renaître de ses cendres face à l'action.

 

 

Créant ainsi une belle atmosphère, mettant joliment en valeur son principal décor (le commissariat) ainsi que ses extérieurs (l'idée de plonger l'histoire au cœur d'une tempête de neige n'est pas un simple gimmick), Richet maîtrise son récit durant la plus grande partie du temps. Malheureusement, le réalisateur se montre nettement moins convaincant dans ce qui est de la mise en images de l'action pure. De ce côté-ci, Siri et son Nid de guêpes impressionnaient bien plus. En choisissant de donner un visage aux assaillants du commissariat (ce que Siri justement n'avait presque pas fait), Richet se prive totalement de l'aspect fantasmagorique qui rendait le Assaut de Carpenter mémorable et s'impose comme unique moyen d'impressionner son public, l'efficacité des affrontements. Choix pour le moins osé d'autant que le cinéaste est loin par exemple d'avoir le génie visuel d'un McTiernan et le résultat à l'écran le confirme. Sans être poussives ni même déplaisantes, les séquences mouvementées (notamment tout le dernier tiers du métrage) restent des plus ordinaires, ayant juste assez de qualités visuelles (un montage plutôt probant du monteur attitré de De Palma) et narratives pour garder notre attention jusqu'au dénouement classique, bien loin des savoureuses fins « carpenteriennes ».

 

 

Réussite mineure, Assaut sur le central 13 ne souffre finalement que d'un seul gros défaut : être le remake d'un grand et bon film, un film qui encore aujourd'hui n'a rien perdu de son pouvoir d'attraction. Alors la question qui vient irrémédiablement aux lèvres à la fin (et même au début) de la projection : mais pourquoi s'évertuer à remaker de telles œuvres ? Et comme l'a dit un jour l'immense Billy Wilder donnant son sentiment sur les différents remake de son sublime Assurance sur la mort : quitte à vouloir raconter la même histoire, autant le faire du mieux possible. Autant ressortir le film original. Assaut au Gaumont Grand Écran Italie ? Chiche !

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