Critique : Be cool

Jérôme Olivier | 3 février 2005
Jérôme Olivier | 3 février 2005

Après le succès surprise de Get Shorty en 1995, il aura donc fallu attendre 10 ans pour revoir la bande à Chili Palmer (Travolta) dans de nouvelles mésaventures. Enfin, la bande, c'est vite dit car mis à part un caméo de Danny de Vito, seul finalement l'ex-roi des night-clubs du samedi soir est de retour. C'est donc autour de l'ex-mafieux devenu producteur de cinéma à succès que va s'articuler l'intrigue compliquée de Be Cool. Si on perd pour cette séquelle les noms prestigieux de Gene Hackman, Rene Russo, James Gandolfini (devenu entre temps avec la série des Sopranos, le mafieux le plus célèbre du petit écran), on récupère une autre belle brochette de stars : Uma Thurman, Vince Vaughn, The Rock et Harvey Keitel. Derrière la caméra, les changements sont aussi de mise puisque Barry Sonnenfeld a passé la main à F Gary Gray qui reste sur le succès de Braquage à l'italienne. Changement donc presque totale d'équipe mais aussi changement d'univers puisque si on est toujours à Hollywood, la satire se dirige désormais vers l'univers de la musique et son monde impitoyable, les producteurs de cinéma étant à la vue du film visiblement des enfants de cœurs comparés aux fabricants de hits musicaux.

Commençant sous les meilleurs auspices avec une séquence entre Travolta et le toujours génial James Woods, le ton satirique et humoristique de Be Cool va malheureusement vite se retrouver sur un courant alternatif des plus frustrants. Souffrant d'un scénario inutilement confus avec un nombre incalculable de rebondissements qui au final ne font jamais vraiment avancer le récit, le film de F Gary Gray n'a de cesse durant une longue heure cinquante de proposer des séquences réjouissantes et souvent drôles qui parviennent tant bien que mal à redresser une histoire de plus en plus sinistrée et quelconque. Malheureusement, ces scènes aussi réussies soient-elles sont toujours très espacées dans le récit de telle sorte que le reste du temps, la platitude de la mise en scène et l'absence totale de montage intelligent (on a constamment l'impression d'assister à un bout à bout de petites saynètes quasiment indépendantes les unes des autres) associées à une avalanche de rôles à l'écran rendent Be Cool bien trop inégal pour emporter une totale adhésion.

Car, et c'est sans aucun doute le gros point faible du film, tous les acteurs ne sont pas logés à la même enseigne et de leur performance plus ou moins convaincante dépend en grande partie la sympathie qu'on éprouve pour Be Cool. Plus le film avance et plus on s'aperçoit qu'il n'y a pas vraiment de premiers rôles et que chacun des protagonistes et donc comédiens se voit offrir tout le loisir de briller. À ce petit jeu là, ce ne sont pas forcément les plus connus qui s'en sortent le mieux. John Travolta et Uma Thurman font ainsi avant tout de la belle figuration, ne réussissant même pas à (nous) emballer lors d'une séquence de danse sous forme d'hommage (raté) à Pulp Fiction. Harvey Keitel ne fait que passer la faute à un des rôles les plus mal écrits du scénario. Les stars de la chanson, Steven Tyler (dans son propre rôle) et Christina Milian attirent l'attention…quand ils sont sur scène pour deux trop longues séquences de concert. La kyrielle de comédiens noirs avec à leur tête un Cédric the Entertainer en grande forme, donne l'occasion de s'amuser avec une parodie outrancière des mœurs du monde musical (ils sont tous « lookés » avec des maillots de basket trop grand, ont la gâchette plus que facile et sont prêts à tout pour imposer leur label et ce même jusqu'à enlever un directeur des programmes musicaux qui refuse de passer leurs disques).

Mais les deux grands vainqueurs et de loin, ceux qui tirent incroyablement bien leur épingle du jeu, parvenant par la seule grâce de leurs dons pour la comédie à rendre Be Cool fréquentable, sont Vince Vaughn et The Rock. Si pour le premier, cela peut paraître logique tant le bonhomme, quand il ne se contente pas de caméos désopilants dans les films de ses potes (le très drôle Anchorman, bientôt sur nos écrans en mai), se spécialise actuellement avec bonheur dans le second rôle haut en couleurs (ici, un producteur de disque qui se prend pour un black, prétexte pour l'acteur a un look, une gestuelle et des dialogues irrésistibles de drôlerie), le second est une semi révélation. Semi car depuis ses débuts dans Le retour de la momie, on a toujours cru dans les capacités du comédien et Be Cool le confirme largement.

Véritable « star » du film, The Rock nous gratifie en effet d'un personnage de bout en bout hilarant. En garde du corps (de Vince Vaughn) à la coupe afro ayant des tendances inavouées pour la gente masculine et vivant dans une caravane où trônent les posters de Éclair de Lune avec Cher et Rhinestone avec Stallone et Dolly Parton, il créé une irrésistible grande brute candide vraiment pas fute-fute. À ce titre, il faut le voir réciter son monologue à deux personnages féminins (!!!), extrait de American Girls (Bring It On, film sur la rivalité de deux équipes de cheersleaders) pour tenter de convaincre Travolta de lui trouver une audition. Des moments aussi loufoques que celui-là, The Rock en propose à chaque fois qu'il apparaît à l'écran.
Dommage alors que son temps de jeu soit si réduit, Be Cool aurait gagné à le voir plus. Une dernière preuve, l'ultime gag (et pas le moins drôle) du film est pour lui. Be Cool ou la consécration d'une vocation !

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