The Grudge : critique

Vincent Julé | 23 décembre 2004 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Vincent Julé | 23 décembre 2004 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La mode, voire la folie, maintenant, des remakes amène à certaines situations cocasses. Ainsi, la suite de Le Cercle-The Ring, de Gore Verbinski (2002), inspiré du film homonyme de Hideo Nakata, devait-elle être réalisée par le « pubeu » Noam Murro avant d'échouer dans les mains de… Hideo Nakata, aussi metteur en scène du Ring 2 japonais. Vous suivez ? Mieux encore, un même réalisateur s'est retrouvé à faire trois fois le même film, ou presque, en l'espace de quatre ans. Son nom : Takashi Shimizu. Le film : The Grudge.

En 2000, le jeune réalisateur japonais concocte pour le marché vidéo un petit film d'horreur en DV dans la lignée directe de l'incontournable Ring. Ju-on, c'est son titre, se situe dans une maison hantée, dont le passé est raconté par chapitres et dans le désordre. Et force est de constater qu'entre un mioche fantomatique, des miaulements et une tête aux cheveux sales, le film remplit amplement son contrat. Un grand merci à la DV, dont la résolution donne à l'ensemble un aspect craspec des plus réjouissants. Une suite voit le jour très vite – en quelques semaines – et, succès oblige, une version cinéma se prépare. Takashi Shimizu filme ainsi la même maison, mais avec des histoires et des personnages différents. Et la magie, ou plutôt la malédiction n'opère plus. 

 

Photo Jason Behr, Sarah Michelle Gellar

 

Paradoxalement, la qualité de l'image et le choix des acteurs sur leur belle gueule desservent le long métrage. À quelques apparitions du gamin miauleur près, la mécanique de la peur coince. Trop appuyée, trop prévisible. L'intérêt d'un remake américain, si ce n'est commercial, devenait alors douteux et surtout risqué. Or, si cette troisième resucée (retitrée The Grudge, littéralement « la rancune ») n'apporte ni surprises, ni inventions au genre, elle délivre tout de même quelques sursauts, et certains rateront sûrement un ou deux battements de cœur.

 

Photo Kadee Strickland

 

Si Le Cercle, de Gore Verbinski, réinventait visuellement, avec plus ou moins de réussite, l'univers de Ring, cette fois les Américains, sous la plume du scénariste Stephen Susco, ont changé la structure narrative. Oubliés les chapitres et la déconstruction, et retour à une intrigue plus traditionnelle. La nature de la peur est donc moins ponctuelle que graduelle. Dans les originaux, le récit par saynètes impliquait un suspense dense, intense et multiple. Dans le remake américain, l'histoire et les personnages prévalent, et ce que le film perd en effroi, il le gagne avec un ton plus grave et une ambiance plus lourde. La tension est réellement palpable parmi les spectateurs. La meilleure idée est en fait d'avoir repris la trame générale du Ju-on cinéma, tout en palliant ses défauts par les meilleurs éléments de la version vidéo. Ce mélange permet au film une bonne cohérence, qui ne rattrape pas entièrement malheureusement le jeu d'acteurs peu impliqués – malgré un certain plaisir coupable de voir Jason-Roswell-Behr sur grand écran. Le projet s'y prête peut-être, mais au final le film perd des points sur les deux tableaux. Celui de la peur, et celui de l'empathie, qui sont pourtant étroitement liés.

 

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