Critique : One dollar curry
Il est entendu : Bollywood ne rime pas bien avec Boulogne-Billancourt. Le cinéma indien a bien plus de points communs (les paillettes, la comédie musicale et la danse) avec la cité californienne qu'avec la grisaille parisienne, et encore moins avec le quartier Strasbourg-Saint-Denis. Aucune connivence, donc, et il est là l'original raté de ce film, son salut in extremis de l'inepte. En heurtant les chakras positifs de l'hindou touch à la triste réalité de l'immigration française, le réalisateur arrive en effet à tendre son film d'une légèreté qui en devient attachante lors de certaines piques comiques, comme la crémation au bord de Marne (« Marne, puisses-tu renaître Gange ! »).
Dommage alors que la conjugaison de cet état avec le jeu faussement naïf des acteurs ne suffise pas à défaire le fil du quelconque tendu par les quiproquos et les rebondissements de l'histoire. Peu importe, Vijay Singh tient à maintenir l'illusion, tel son héros que l'on croit éclairé des lumières indiennes alors qu'il n'est qu'à l'arrière d'une moto à Pigalle. « Il faut agir en star pour être star », disait Morrissey (célèbre leader du groupe The Smith... Pas grand-chose à voir, sauf la citation). Ainsi totalement décomplexé face à son sujet, à ses moyens et à sa manufacture, le réalisateur sauve son film de la déception navrée qui hante les premiers longs métrages fauchés. L'humeur est là, la comédie n'est donc pas loin.
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