Critique : Nobody knows

Vincent Julé | 8 novembre 2004
Vincent Julé | 8 novembre 2004

Le cinéma est le témoin privilégié de véritables tours de force. Récemment, le spectateur averti a pu y croiser le duel dantesque (et vain) de Neo et M. Smith, à la fin de Matrix revolutions, la métamorphose de Christian Bale pour The Machinist (le 19 janvier prochain en France), ou encore la légende maintenant vivante de la trilogie du Seigneur des anneaux. Or, ces extravagances (qui a dit poudre aux yeux ?!), réussies ou pas, s'apparentent un peu à l'arbre qui cache la forêt. Avec Nobody Knows, le réalisateur japonais Kore-eda Hirokazu remet les pendules à l'heure, et livre une leçon de cinéma, simple et touchante comme la vie.
Il s'avère difficile de ne pas tomber dans les clichés et les formules toutes faites pour décrire le travail accompli et défilant sous nos yeux. Au fil des saisons, le metteur en scène et sa caméra suivent, saisissent, subliment, suspendent la vie de ces quatre enfants livrés à eux-mêmes. Sans aucun sentimentalisme ni charge sociale, le film emprunte les techniques du documentaire pour nourrir la fiction, et lui donner ainsi une résonance nouvelle. Ainsi, le spectateur ne se rendra-t-il pas tout de suite compte, voire pas du tout, de la rareté des dialogues. Leur absence progressive, loin d'être handicapante, révèle une autre perspective pour exprimer les sentiments et les émotions. Celles du corps : un geste, une moue, un regard. A priori des petits riens, qui, cadrés, improvisés ou réfléchis bouleversent.
C'est le tour de force de Nobody knows. Réussir, non pas à nous bluffer, mais à nous surprendre sans nous bousculer, car Kore-eda Hirkazu touche à quelque chose de commun à tous, une nature indescriptible, un patrimoine humain peut-être. Et les mots ne peuvent suffire, ce sont aux images de parler.

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