Critique : Le Dernier Jour

Après Défense d'aimer et Ceci est mon corps, Rodolphe Marconi poursuit sa tentative d'exploration de l'âme humaine. Il suit cette fois l'itinéraire de Simon (Gaspard Ulliel), un adolescent taciturne qui, accompagné d'une mystérieuse jeune fille rencontrée dans le train, retrouve sa famille en passe de décomposition le temps des vacances de Noël. Le Dernier Jour nous donne à voir les relations, toujours complexes, que Simon entretient avec ces différents protagonistes.
À l'occasion de la sortie du film, Marconi énonce : « Le cinéma n'est pas là pour raconter mais pour montrer. » Pourquoi pas ? Mais voilà, dans ce cas précis, à force de trop vouloir montrer, on ne raconte plus grand-chose. Certes, le réalisateur fait preuve de virtuosité lorsqu'il filme ses acteurs, et les images sont superbes, tellement, même, qu'elles glacent les personnages et bloquent toute communication avec le spectateur… qui finit lui-même gelé. Quel dommage quand on a le bonheur de tourner avec Nicole Garcia et Gaspard Ulliel, deux comédiens qui savent comme peu de leurs homologues exprimer les variations de l'âme. En dehors de l'image, le film est également trop maniéré et ne trouve pas son style : les séquences muettes sont gratuites et trop nombreuses, les dialogues trop écrits, le scénario convenu. En outre, Rodolphe Marconi se frotte à des thèmes conventionnels (l'inceste, l'incommunicabilité des êtres, les relations mère-fils, la solitude…) sans pourtant jamais les transcender, ni même les approfondir réellement.

On reste donc sur sa faim, malgré la révélation finale qui, trop abrupte, ne parvient ni à nous toucher, ni même à éclairer le film. Le Dernier Jour est malheureusement symptomatique d'un certain cinéma français qui s'écoute sans se faire entendre.