Critique : Memories

La prétendue originalité de Memories (The I inside, en version originale) est en fait son principal défaut. Cette histoire de mémoire(s) à tiroirs arrive en effet après la bataille. Sont déjà passés par là le vertigineux et inégalable Memento, de Christopher Nolan (le prochain Batman begins, c'est lui !), le clinquant Effet papillon avec l'endive Ashton Kutcher, ou encore le suédois Sleepwalker, et l'espagnol Souvenirs mortels. Tous exploraient, à leur manière et avec plus ou moins de succès, les confins et les paradoxes de notre cerveau. Il n'est un mystère pour personne qu'avec la schizophrénie (Identity, Dédales, Fight club…), notre mémoire est un enjeu cinématographique de premier ordre, car insaisissable.

Tiré du roman Point of death, de Michael Cooney, le scénario de Memories n'apporte malheureusement rien de neuf ni aucune surprise. Chaque révélation ou chausse-trape est une redite. Alors, peut-être que les retardataires y trouveront leur compte, surtout que la mise en scène signée Roland Suso Richter sauve, en partie, le film d'un désintérêt croissant. Auteur d'un remarqué Le Tunnel, le réalisateur d'origine allemande ne cède jamais à la facilité dans ses choix, notamment de lumières et de cadrages. Par contre, il ne réussit qu'à moitié le défi de l'unité de lieu – un hôpital. Si un vrai rythme souffle sur la première partie, aidé par la judicieuse musique de Nicholas Pike, à en rendre Ryan Phillippe crédible dans son rôle d'amnésique, la suite s'éparpille, se répète et ennuie. Les images se succèdent, les couloirs aussi, jusqu'à ce que, dans un assoupissement, on croit se retrouver dans un épisode d'une vieille série allemande (Derrick, pour ne pas la citer, et pour ne pas faire trop de mal). Aussi, la (pas tant que ça) révélation finale passe tout simplement inaperçue. Qu'on ne nous y reprenne plus, devrait-on dire, mais il ne fait aucun doute qu'au prochain film sur le sujet, nous serons les premiers dans la salle. Ah, je vous jure !