Critique : Aaltra

Marion Seandrei | 7 octobre 2004
Marion Seandrei | 7 octobre 2004

Après le fiasco de son précédent long métrage, Michael Kael contre la World News Company, Benoît Delépine a repris son souffle et se lance avec son pote Gustave Kervern dans un road movie corrosif. Les deux copains se sont rencontrés il y a cinq ans en travaillant sur le décalé et très drôle Grolandsat de Canal+ ; on pouvait alors s'attendre, pour leur film commun, à une succession de sketchs et de vannes.
Il n'en est rien. Aaltra est un film singulier, contemplatif, souvent plus proche du film noir que de la franche comédie, qui nous entraîne dans le sillon de deux handicapés aussi misanthropes que touchants, lancés dans une quête burlesque à travers l'Europe du Nord. Mais les acteurs-réalisateurs ne cèdent jamais à la commisération politiquement correcte : ils nous montrent que les handicapés peuvent être cons, parfois même plus cons que les autres.
Comme dans tout road movie qui se respecte, peu importe le but, c'est le chemin à parcourir qui prévaut ; ainsi le voyage essentiellement silencieux de ce duo est-il ponctué de rencontres humaines. Le casting est d'ailleurs des plus savoureux : Delépine et Kervern, partis avec le budget ridicule de 150 000 euros, ont fait appel à des acteurs non professionnels étonnants et à des copains pros hauts en couleur (ne manquez pas les performances jubilatoires de Benoît Poelvoorde, de l'entarteur Noël Godin et d'Aki Kaurismäki).
Si le rythme d'Aaltra est délibérément lent, comme peuvent l'être les films sur la route, on regrettera que certains silences se transforment parfois en longueur et alourdissent le film ; on frôle alors l'ennui.
Le film, bourré d'humour noir, séduit néanmoins par l'originalité de son propos et de son univers, à situer quelque part entre Don Quichotte et C'est arrivé près de chez vous. De la graine de film culte en somme…

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