Critique : Modigliani

Stéphane Argentin | 29 septembre 2004
Stéphane Argentin | 29 septembre 2004

Dès les premières scènes, cette évocation de la vie du peintre Amadeo Modigliani vue par Mick Davis rappelle, par certains aspects, celle d'un autre grand artiste : Wolfgang Amadeus Mozart, vue par Milos Forman. La Vienne musicale du XVIIIe siècle cède ici la place au Paris du début du XIXe, centre européen de la peinture, où s'affrontent le calme d'un Pablo Picasso à la virtuosité cubique déjà bien établie, et un Amadeo Modigliani beaucoup plus frivole et désinvolte aux œuvres moins impressionnistes. Mais si le Montparnasse de cette époque était aussi enjoué, pourquoi nous le présenter alors sous un jour aussi terne et peu chaleureux ? Le réalisateur ne parviendrait-il pas à transcender son drame et son art ?

Probablement, car à y regarder de plus près, peu de films traitant du monde de la peinture y sont parvenus, par opposition aux œuvres musicales, dont le retour en force ces dernières années est la preuve manifeste que certains univers artistiques sont plus faciles à transposer à l'écran que d'autres. Récemment, deux long métrages sont toutefois venus contredire cette tendance : Frida (2002) et La Jeune Fille à la perle (2003) ; ce dernier étant le parfait contre-exemple d'un récit situé dans un contexte a priori très froid et monochromatique (La Haye durant l'hiver 1666), mais dont il émane malgré tout une grande chaleur individuelle, entraînant alors une forte intensité dramatique. À seulement deux reprises, Modigliani parvient à relever ce défi. La première fois, au tout début, lorsque Amadeo fait son apparition au café La Rotonde, grimpe sur les tables, bouscule tout sur son passage et défie (verbalement) Pablo. Une scène également caractéristique du décalage entre un Andy Garcia visiblement plus à l'aise dans le cabotinage qu'avec des pinceaux, et un Omid Djalili, tout son contraire, que l'on donnera victorieux à l'arrivée, contrairement à la réalité historique de ce concours. La seconde, à la fin, lorsque tous les compétiteurs préparent leur toile. Une séquence là encore symptomatique de la faible dimension picturale du film puisqu'elle doit toute son intensité… à la musique, qui recouvre alors toute autre forme d'expression artistique. Cela tombe plutôt bien car le prochain film de Mick Davis s'attardera précisément sur le célèbre violoncelliste Nicolo Paganini. On verra alors si le réalisateur britannique a l'oreille plus musicale qu'il n'a l'œil pictural.

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