Critique : Présentateur vedette : La Légende de Ron Burgundy

Laurent Pécha | 2 mai 2007
Laurent Pécha | 2 mai 2007

Comique populaire aux États-Unis, trublion incontournable de l'émission culte Saturday Night Live entre 1995 et 2002, Will Ferrell reste quasi inconnu en France, même s'il possède un côté culte pour les fans de la première heure qui ont pu se délecter de ses multiples caméos ou autres petits rôles dans les films de ses potes (Jay & Bob contre-attaquent, Zoolander ou encore Starsky & Hutch). Car, lorsque l'homme tient les premiers rôles sur l'affiche et que ses films sortent en salles chez nous, cela donne Back to school et Elfe, soit des oeuvres éminemment oubliables ne rendant pas vraiment compte du talent énorme de Ferrell. Ce qui n'est plus le cas ici puisque Présentateur vedette : La Légende de Ron Burgundy lui offre le rôle de la consécration. Sauf que les risques de s'en apercevoir pour le public français sont bien minces, le film sortant le même jour qu'un petit outsider du box-office, un certain Star Wars Épisode III.

Dommage donc que sa carrière française soit si mal embarquée car sous les traits du présentateur vedette d'une TV locale de San Diego, imbu de lui-même et incroyablement macho, Will Ferrell livre une composition absolument désopilante. Par la seule force de son génie comique (basé sur une capacité à jouer toutes les séquences au premier degré alors même que la situation s'avère particulièrement ridicule pour lui-même), l'acteur déclenche les rires. Maniant avec virtuosité l'humour absurde, il créé un personnage aussi idiot qu'attachant totalement dépassé par un monde télévisuel en pleine mutation (les années soixante-dix voient l'arrivée des femmes dans les hautes sphères du pouvoir médiatique), source de gags réjouissants même si certains d'entre eux restent parfois trop ancrés dans une culture américaine pour avoir le même impact sur nos zygomatiques français.

Particulièrement bien entouré, comprenez des acteurs aussi hauts en couleurs que lui (inénarrable trio de mâles présentant le JT avec Ron Burgundy, tous plus débiles les uns que les autres), Will Ferrell parvient à sublimer une réalisation standard qui ne magnifie malheureusement pas toujours assez les situations comiques (voir le combat de présentateurs sous influence West side story, grand moment du film qui doit son climax hilarant à la seule et unique prestation des comédiens). Dans cet univers quasi exclusivement masculin, existe aussi un personnage féminin d'envergure : Veronica Corningstone. Et quel personnage, puisque l'une des excellentes idées des auteurs du film est d'avoir choisi comme interprète du personnage rendant la vie impossible à Burgundy-Ferrell Christina Applegate, dont le talent pour la comédie déjantée n'est plus à prouver (de Marié deux enfants à Allumeuses, l'actrice a un joli CV qui parle pour elle). Le duo qu'elle forme avec Ferrell est ainsi savoureux de bout en bout, culminant dans une (trop courte) séquence de sexe psychédélique incroyablement cocasse.

Malgré une légère perte de rythme (principalement dans sa seconde partie), compensée il est vrai par un savant dosage d'apparitions drôlissimes de guest-stars venues rendre la pareille à leur ami Ferrell (Vince Vaughn, Jack Black, Luke Wilson, Tim Robbins sans oublier le plus drôle de tous, Ben Stiller), Présentateur vedette : La Légende de Ron Burgundy emporte amplement notre adhésion, ayant l'immense mérite de mettre enfin en avant les aptitudes comiques immenses de son acteur principal. Et surtout, et c'est un [MAJ] d'une importance capitale : le film se bonifie avec le temps et supporte allégrement le multi-visionnage.

 

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