Critique : Criminal

Johan Beyney | 6 janvier 2005
Johan Beyney | 6 janvier 2005

– Tiens, j'ai vu un chouette film dernièrement.
– Ah bon, c'était quoi ?
– Ça s'appelle Les Neuf Reines, c'est un film argentin et…
Les épaules de votre interlocuteur s'affaissent. Manifestement, vous n'avez pas affaire à un adepte de cinéma sud-américain, forcément inaccessible, ennuyeux, voire pire : art et essai. Qu'à cela ne tienne, pour tous ceux que l'évocation d'un film argentin repousse, voici Criminal : même film, même scénario, mêmes dialogues, mais avec des acteurs américains, tourné à Los Angeles (sans toutefois trop s'éloigner des quartiers latinos) et, avec un peu de chance, il sera sans nul doute possible de le voir en VF !
Autant dire que pour un premier film, Gregory Jacobs n'aura pas eu à fournir un effort d'imagination hors du commun. En reprenant à son compte un film reconnu (Grand Prix du festival du Film Policier de Cognac en 2002), mais peu vu du grand public, il s'assure une histoire de qualité tout en réduisant les frais scénaristiques. Sans forcément verser dans le cynisme, la pertinence de ce remake a cependant de quoi laisser perplexe tant cette nouvelle version apporte peu de choses par rapport à la version initiale.

Finalement assez peu original dans les thèmes qu'il aborde (l'association d'un vieux roublard de l'arnaque et d'un jeune novice, les escrocs à la petite semaine face au coup de leur vie), ce film reste cependant un hommage frais et réjouissant au genre « arnaque », comme l'est – à une autre échelle, certes – Ocean's eleven au genre « braquage de coffre-fort ». Tous les éléments nécessaires et attendus sont bien présents : présentation des petites arnaques quotidiennes, personnages marqués (le bourru solitaire, l'escroc à la gueule d'ange, le faussaire passionné, l'incorruptible ingénue, les petites frappes et les grandes huiles…), le tout avec assez de détachement et d'ironie pour y apprécier une œuvre originale, et non une vague resucée de films vus et revus. L'histoire est par ailleurs soutenue par des acteurs fort convaincants – notamment un John C. Reilly (Chicago, The Hours, Gangs of New York…) au meilleur de sa forme –, mais qui n'ont malheureusement que peu de temps pour s'installer. La mise en scène efficace (malgré une perte manifeste d'énergie par rapport à l'original) ne laisse que peu de temps morts au spectateur, ravi de chercher à distinguer l'arroseur de l'arrosé.

Amateurs de films d'arnaque, vous qui aimez vous faire manipuler par un scénario malin, courez voir Les Neuf Reines ! Pardon : allez éventuellement voir Criminal.

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