The Communion Girl : critique excommuniée

Judith Beauvallet | 26 avril 2023 - MAJ : 26/04/2023 15:24
Judith Beauvallet | 26 avril 2023 - MAJ : 26/04/2023 15:24

The Communion Girl est le film d’horreur du moment misant sur l’éternel motif du fantôme de gamine en robe blanche. Signé par Víctor García, réalisateur abonné aux DTV sanglants comme Mirrors 2 ou Hellraiser - Revelations, le film représente presque une bonne surprise en comparaison de ce que la production de séries B d’horreur peut nous pondre chaque mois comme maigres frissons cheap et formatés. Presque.

The Comm...e d'habitude girl

Dans l’Espagne des années 80, la jeune Sara essaye de sortir de temps en temps le soir avec sa pote Rebe pour s’amuser et s’émanciper, mais ses parents rabat-joie et coincés la rappellent sans cesse à l’ordre. Un soir que Sara et Rebe ont réussi à faire un petit tour en boîte de nuit, elles se font conduire en forêt par deux garçons décidés à abuser d’elles. Mais le passage d’une mystérieuse petite silhouette blanche entre les arbres va terrifier tout le monde et stopper net toute entreprise. Seule Sara manifeste l’envie d’aider ce qu’elle pense être une enfant perdue, sans se douter que celle-ci va se mettre à la hanter sévère.

Ce type de pitch, pour une personne qui se laisse tenter de temps à autre par un modeste petit film d’épouvante le dimanche soir, c’est du vu et revu jusqu’à l’overdose. Et pourtant, l’efficacité de la gamine mi-fantôme mi-possédée reste une valeur sûre, sur laquelle The Communion Girl mise à 100%. Avec une bonne mise en scène et une écriture correcte, après tout, ça peut vite faire des étincelles et flanquer les foies. Et si le pari était réussi, cette fois ?

 

The Communion Girl : photo, Carla CampraThe communication girl

 

VALAKasquette

Le spectateur a beau voir venir à peu près tous les rouages du film à l’avance, The Communion Girl réussit, au moins dans sa première moitié, à faire étonnamment bien le job et à hérisser le poil sur l’échine. Grâce à quelques apparitions marquantes et une bonne maîtrise des recettes qui ont fait leurs preuves (jouer avec les miroirs, placer des jumpscares à contretemps, avoir une image très sombre partout et tout le temps...), le film se démarquerait presque.

 

The Communion Girl : photoAnnabelle 4

 

Comme dans L’Orphelinat de Juan Antonio Bayona, le ressort à la fois effrayant et émouvant de l’histoire se situe dans l’amour d’une mère pour son enfant atteint d’un mal qui le défigure. Le chef-d'œuvre de 2007 est une excellente inspiration, et comme beaucoup de films d’épouvante espagnols sortis depuis, The Communion Girl revendique la filiation. On y trouve aussi l’influence d’un Conjuring 2 lors de scènes d’apparitions qui rappellent celle du démon Valak dans le film de James Wan.

Avec également un casting plutôt convaincant et une modestie bienvenue, The Communion Girl ne s’adresse certes qu’aux adeptes du genre dont la patience pour ce genre de séries B anecdotiques est infinie, mais s’y adresse dignement. Au moins dans sa première moitié. À retenir aussi : l’idée de l’état catatonique dans lequel sont plongées les victimes quand l’entité maléfique s’en prend à elles, en les plongeant dans une dimension sombre et désolée.

 

The Communion Girl : photoLa robe de ma vie

 

The complication girl

Malheureusement, au fur et à mesure de l’histoire, les quelques qualités du film se retrouvent de plus en plus occultées par une écriture peu cohérente et trop clichée. Par exemple, les deux jeunes hommes du début du film qui affirmaient une intention assez ferme de violer les deux héroïnes et qui représentaient une menace évidente finissent par devenir de bienveillants alliés, voire des love interests. Un retournement de situation qui reste inexpliqué par le scénario, et qui ne fait que répondre bêtement à la bonne vieille règle du “garçon + fille à l’écran = bisous”, en dépit de l’absurdité que cela représente en termes d’écriture de personnages. 

Cet aspect est un symptôme parmi d’autres du problème d’un film qui, une fois qu’il a établi des marques à peu près solides et exprimé sa patte, retombe dans le moule creux et paresseux ayant servi de trame à tous ses prédécesseurs. Le manque d’inventivité dans la mise en scène se fait alors plus cruel, et le rythme abandonne le film. Passé donc la bonne surprise d’un job bien exécuté, The Communion Girl finit sur la note décevante d’un soufflé bien vite retombé, comme tant d’autres avant lui.

The Communion Girl est disponible en VOD depuis le 25 avril 2023

 

The Communion Girl : Affiche officielle

Résumé

Rien de bien original ou de nouveau à retenir dans The Communion Girl, série B d'épouvante sur fond de folklore chrétien comme il en existe des milliers. C'est dommage, parce que sa première moitié est efficace et que quelques apparitions sont réussies, avant que l'écriture ne se casse la figure (et le reste avec).

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Lecteurs

(2.3)

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commentaires
Inès 42
30/04/2023 à 17:02

Il y aura certainement the communion girl 2.
Et pour les 2 garçons, le film nous montre que c’est Rebe qui ce méfie et pense qu’il veux abuser d’elles, alors que le garçon qui conduit fait son relou en voulant s’isoler et faire plus ample connaissance avec les filles sans vouloir vraiment forcer les choses, j’espère qu’il y aura un volet 2 avec les 3 dernières actrices car c’est vraiment dommage de les quitter ainsi

Pierre_Oh
29/04/2023 à 13:36

Je l'ai vu à Gerardmer et j'avais passé un assez mauvais moment devant. Dans la sélection il y avait un autre film espagnol bancal mais qui s'est avéré finalement assez sympa dans son ambiance, c'était Viejos (The Elderly).

Tutafeh
27/04/2023 à 16:50

Moi qui ne connait pas grand chose au cinéma d'horreur (j'en ai vu très peu), ce film qui a l'air "simple" dans son approche de l'horreur, mais reste (si j'en crois l'article) sympathique, peut être sympa.
Merci donc pour cette critique qui m'a été bien utile !

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