Maurice le chat fabuleux : critique Pratchett

Mathieu Jaborska | 1 février 2023 - MAJ : 01/02/2023 19:05
Mathieu Jaborska | 1 février 2023 - MAJ : 01/02/2023 19:05

Quinze ans après la mini-série Discworld et entre deux saisons de Good Omens, une nouvelle adaptation de Terry Pratchett se faufile au cinéma. Maurice le chat fabuleux, lauréat du Prix du public du dernier festival des Utopiales (face à des films aussi réussis que Viking ou Shin Ultraman !), ou il était présenté en avant-première, est une transposition du roman Le Fabuleux Maurice et ses rongeurs savants, déjà à destination de la jeunesse.

De bons présages

Le créateur du Disque-Monde est peu adapté au cinéma, fort logiquement aux vues de l'ambition de la plupart de ses bonnes oeuvres. D'ailleurs, la promotion de Maurice le chat fabuleux privilégie les variations de jeux de mots félins aux références à son livre. Il faut dire que celui-ci s'adressait essentiellement à la jeunesse et que le long-métrage d'animation réalisé par Toby Genkel et Florian Westermann compte bien en faire de même, avec toutefois un casting original prestigieux, composé de Hugh LaurieEmilia ClarkeHimesh Patel ou encore Gemma Arterton.

Décliner cette histoire de rats intelligents qui s'associent à un chat et à un jeune flutiste pour arnaquer des villages entiers en animation est une idée brillante : tous plus attachants les uns que les autres, les personnages évoluent dans un univers croquignolesque, bien plus cohérent virtuellement qu'en prises de vue réelles. De même que le récit s'amuse, dans la veine des autres écrits de Pratchett, à convoquer ici et là diverses figures mythologiques, ici forcément tirées de différents contes, en plus d'une tripotée de clins d'oeil même pas gratuits à l'auteur qui ne manqueront pas d'arracher des sourires aux connaisseurs.

 

Maurice le chat fabuleux : photoVil Maurice

 

C'est surtout une belle malle à jouets pour Terry Rossio, scénariste autrefois à la barre de grosses productions hollywoodiennes comme AladdinLone Ranger, Le Masque de Zorro, Small Soldiers et surtout le premier Shrek, qui lui aussi s'amusait à croiser divers contes pour en tirer une narration merveilleuse s'amusant de la pureté de ses rouages. Ici, le quatrième mur est abattu dans la joie et la bonne humeur, le plus souvent par un personnage qui semble cantonné à cette fonction (aïe), avant de prendre part à l'aventure (ouf). 

 

Maurice le chat fabuleux : photoMéta-conte

 

Tu pousses le bouchon, Maurice

Cette heureuse association épargne-t-elle à Maurice les codes parfois très artificiels de la coproduction européenne pour gosses ? Le respect sincère du ton si particulier de Pratchett (et de ses divers personnages) et certaines saillies comiques réussies le distinguent assurément de ses concurrents. Pour le reste, il ne peut échapper à certaines formules prémâchées (ainsi qu'à un budget estimé à 17 millions, loin de l'enveloppe dont dispose l'autre félin roux ronronnant actuellement dans nos salles).

L'animation par exemple émule comme bien d'autres un style simili-Pixar, les années de R&D en moins, pour un résultat agréable, quoique dépourvu d'aspérités, un comble pour une telle transposition. Si le Maurice du titre profite d'un design plutôt malin, ce sont les personnages humains qui pâtissent de cette concession au cahier des charges du créneau sur lequel il se positionne. Dommage, puisque c'est finalement la relation symbiotique entre Hommes et bêtes (ou la différence entre amitié et exploitation animale), déjà au coeur des contes convoqués, qui ressort le plus de cette adaptation.

 

The Amazing Maurice : photoMa femme s'appelle Maurice

 

En dépit de ses évidentes limites techniques, il réussit ainsi ce que peu de films d'animation familiaux parviennent encore à accomplir : divertir marmots et parents sans pour autant les prendre pour de profonds demeurés. Et c'est probablement la raison pour laquelle il a raflé le prix du Jury des Utopiales face à des concurrents autrement plus prestigieux : il a mis tout le monde d'accord.

 

Maurice le chat fabuleux : affiche

Résumé

Malgré le respect d'un cahier des charges obligatoire, l'adaptation est sincère, amusante et maligne. Plus de Pratchett au cinéma s'il vous plait !

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commentaires
Zouzoulive
03/02/2023 à 19:14

Oh oui, plus de Pratchett au cinéma s'il vous plaît.
Depuis qu'il a emmené Mémé avec lui, on s'ennuie...

Jérôme13004
02/02/2023 à 16:08

Quelques références agréables et malines rappelent le disque monde de Pratchet, le film est malin, et loin d'être bête, même si ses limites techniques, et la pauvreté de ses décors sont parfois dommageable.
Des villes vides, des forêts qui se contentent d'abres épars, c'est entre pauvre et très pauvre par moment.
C'est dommage, il y avait matière à un mieux qualitatif. Mais, il est vrai que le récit, lui, ne prend pas ses spectateurs pour des imbéciles.

Bleh
02/02/2023 à 12:36

C'est pas la catastrophe qu'on pouvait craindre, c'est simplement sympathiquement oubliable. Vu le matériel de base c'est quand même dommage de se contenter de ça. Visuellement c'est générique au possible, avec certains décors assez vide, mais vu le budget c'est pas étonnant. Le cast vocal est par contre excellent dans son ensemble et tire vraiment le film vers le haut. En plus des noms cités dans l'article, on peut ajouter que David Tennant Hugh Bonneville, Rob Brydon et Peter Serafinowicz font partie de l'aventure, casting sacrément solide donc. Mention pour Emilia Clarke qui confirme après Last Christmass qu'elle se débrouille vraiment bien avec la comédie, et pour David Thewlis qui recycle de manière éhontée son accent de la saison 3 de Fargo. Les aspects les plus sombres du roman sont maintenus, mais de manière assez édulcorée, confirmant que le public visé se situe plutôt du côté des plus jeunes. Un peu dommage, mais le film a au moins la politesse de ne pas les prendre pour des abrutis, c'est déjà ça. Quelques caméos qui feront plaisir aux Pratchettzouzes en fin de métrage, c'est facile et ça ne mange pas de pain. Pas une mauvaise expérience donc, pas de quoi se réveiller non plus la nuit, mais si ça peut amener de nouvelles générations à découvrir le Disque-Monde ce sera toujours bien.

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