Scrooge, Un (mé)chant de Noël : critique bête et méchante sur Netflix

Déborah Lechner | 5 décembre 2022 - MAJ : 05/12/2022 19:31
Déborah Lechner | 5 décembre 2022 - MAJ : 05/12/2022 19:31

Trois ans après le surprenant Klaus qui déconstruit les origines de Noël pour refaçonner le mythe avec malice et tendresse, Netflix a ajouté un autre long-métrage d'animation à son catalogue Scrooge, Un (mé)chant de Noël. Mais sans surprise au vu des premières images, cette nouvelle adaptation du classique de Charles Dickens s'avère bien fade et inutile à côté des dizaines d'autres films tirés du célèbre conte. 

TOUJOURS LA MÊME HISTOIRE

Après la surprise bien emballée qu'était Klaus, qui s'est déjà imposé comme un incontournable des marathons de Noël, Netflix a drastiquement revu ses exigences à la baisse avec Scrooge, Un (mé)chant de Noël, un nouveau long-métrage d'animation calibré pour les fêtes de fin d'année. Comme l'indique le titre, ce film réalisé par le novice Stephen Donnelly est une énième oeuvre tirée d'Un chant de Noël, le conte classique de Charles Dickens déjà adapté des dizaines de fois à la télévision et au cinéma. Il était donc légitime de se demander quel pouvait bien être l'intérêt de raconter à nouveau cette histoire aussi vieille que le Père Noël lui-même.

Contrairement au Noël de Mickey qui s'amusait à replacer différents personnages de l'univers Disney, au Drôle de Noël de Scrooge de Robert Zemeckis qui misait sur la motion capture, ou plus récemment au film Spirited, l'esprit de Noël d'Apple TV+ qui prend le point de vue du fantôme des Noëls présents, cette nouvelle adaptation n'a aucune plus-value narrative ou technique pour justifier son existence.

 

Scrooge: A Christmas Carol : photoLe Scrooge de trop

 

L'histoire se contente de régurgiter le conte original et reste donc prévisible d'un bout à l'autre, tandis que les graphismes 3D accusent de grosses lacunes avec un manque de textures et de finesse accablant. L'animation est, quant à elle, trop rigide, aussi bien dans la façon dont les personnages se déplacent que dans leur expressivité faciale inexistante.

Les quelques changements apportés à l'histoire lui font perdre un peu plus de subtilité encore. Le fait de mettre en parallèle la maladie du petit Tim et celle de la petite soeur de Scrooge, morte en couches pendant le Réveillon, est un détour scénaristique plutôt grossier et poussif qui justifie inutilement l'aigreur de Scrooge et tente même de la rationaliser. La caractérisation victimaire de Bob Cratchit enfile, elle aussi, de gros sabots en liant le passé du pauvre père de famille à celui de son bourreau. 

 

Scrooge: A Christmas Carol : photoCratshit

Cache-misère 

Même si le film peut compter sur un chouette casting vocal anglais composé de Luke Evans, Olivia Colman, Johnny Flynn et Jessie Buckley, la partie musicale héritée du Scrooge de 1970 et des partitions de Leslie Bricusse (qui ont été remaniées pour l'occasion) n'a rien à offrir non plus. Chaque numéro, à part peut-être le premier qui renoue avec l'ambiance festive et chaleureuse de Noël, casse le rythme de la narration et l'étire plus que nécessaire. Les envolées lyriques et paroles niaises cherchent ainsi à combler l'émotion manquante, mais ne font que participer à l'artificialité des scènes censées êtres larmoyantes. 

 

Scrooge: A Christmas Carol : photoSi jamais quelqu'un a oublié ce qu'il s'est passé un peu plus tôt dans le film

 

La dramaturgie est également étouffée par la surexplicitation constante des enjeux : le Fantôme des Noëls passés qui détruit toutes les métaphores propres à son personnage ou les flashs blacks en forme de mosaïque pour être certain que le public comprenne bien ce qui se passe dans la tête de Scrooge.

Pour casser la prévisibilité de son intrigue et donc pallier l'ennui, le film verse également dans le surplus d'effets visuels criards dans des scènes inutilement hallucinées et psychédéliques à la Doctor Strange. Le fameux souvenir de la rupture aurait ainsi gagné à être plus simple, sans fioritures, pour laisser l'émotion et la sensibilité naissante de Scrooge gagner le terrain, plutôt que de miser sur la surenchère et le tape-à-l'oeil avec cette pièce détruite qui gravite dans l'espace, les meubles et divers objets flottant tout autour en apesanteur.

 

Scrooge: A Christmas Carol : photoMais WTF ?

 

Film pour enfant oblige, Scrooge s'est également senti obligé de rajouter une mascotte à l'affiche et - comble de l'originalité -, il s'agit d'un chien. Si le scénario parvient à le caractériser et à le rendre un poil attachant, sa présence amoindrit surtout la solitude et le retranchement dans lequel est censé s'être enfermé le personnage principal (une autre facilité pour qu'il puisse s'adresser au spectateur et faire de l'exposition à travers lui). Mais faute de savoir quoi en faire, le scénario se contente de le laisser vagabonder en arrière-fond, puis l'évacue presque complètement, au même titre que la famille Cratchit ou la bande de gamins qui ne servent qu'à surligner un peu plus la méchanceté, puis la rédemption de Scrooge, au cas où celles-ci ne seraient pas assez évidentes.

Bref, Scrooge est tout juste bon à occuper les gosses le temps d'emballer leurs cadeaux, même s'il serait moins cruel de les mettre une vingtième fois devant Le Drôle de Noël de Scrooge ou Le Pôle Express

Scrooge est disponible sur Netflix depuis le 2 décembre 2022

 

 

Scrooge, Un (mé)chant de Noël : Affiche US

Résumé

Il y a forcément mieux à faire en 1h40 que de regarder Scrooge. Ne vous infligez pas ça. 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(3.8)

Votre note ?

commentaires
Jennifer
10/12/2022 à 10:54

Je trouve également votre critique très dur et hors de la réalité.
Un film pleins d'émotions qui rappel les vrais valeurs.
Les chansons sont touchantes et énergiques.
Au fur et à mesure, nous nous attachons à Mr Scrooge.
On ne se lasse pas de le regarder.
Alors non ne passer pas votre chemin et prenez du temps avec vos enfants pour regarder ce film qui montre l'importance d'être aimant et généreux et non aigri comme votre critique.

Kyle Reese
06/12/2022 à 13:24

Mouais, ça semble suffire pour garder 2 heures les enfants tranquille devant la TV pendant les vacances. Et puis comme ils ne connaissent pas le conte, enfin je ne crois pas ça devrait passer.
Dommage qu'ils n'aient pas réitéré la réussite Klaus qui m'avait énormément plus. That's life.

Waouh
06/12/2022 à 11:20

Vos critiques sont vraiment sévères, vous n'aimez rien quoi ?

Noël est répétitif, Noël est prévisible, les films de Noël aussi. Ces histoires vues et revues ne sont pas regardées par les mêmes familles, les mêmes enfants, qui grandissent et y accèdent à un moment.

Mercredi 2 étoiles alors que c'était tellement rafraîchissant, ce petit film que vous avez démonté alors qu'il fait du bien à l'esprit, loin de tous ces films sermonant et culpabilisateur avec leur morale tout du long.

Allez vous acheter une joie de vivre.

Cidjay
06/12/2022 à 09:22

Jai commencé a le regarder hier soir, au bon de 10 minutes je l'ai arrêté pour me rematter l'excellent "Le Drôle de Noël de Scrooge" de Zemeckis, qui est une perle d'inventivité dans sa réalisation. Zemeckis s'éclate comme jamais avec la caméra libre dans un espace 3D, du jamais vu depuis.

shivattaque
05/12/2022 à 23:38

Film d animation sympa 3.5 étoiles pour moi, mes enfants ont bien aimés et je n'ai pas passé un mauvais moment.

votre commentaire