Wendell et Wild : critique parfaite pour Halloween sur Netflix

Déborah Lechner | 29 octobre 2022 - MAJ : 31/10/2022 18:18
Déborah Lechner | 29 octobre 2022 - MAJ : 31/10/2022 18:18

Avant de découvrir le prochain Pinocchio de Guillermo del Toro qui promet d'être incroyable, Netflix a d'abord sorti Wendell et Wild, un autre film en stop motion qui s'annonçait très prometteur, ne serait-ce que par les noms qui y sont associés. Près de 13 ans après le formidable Coraline, Henry Selick est de retour à la réalisation d'un long-métrage, qu'il a coécrit avec Jordan Peele, qui par ailleurs signe ici son premier film d'animation. Attention : spoilers ! 

CHIRURGIE PLASTIQUE

Le numérique étant omniprésent dans le cinéma d'animation, la stop motion est devenue une technique marginale, et par effet domino un certain gage de qualité au vu de l'exigence requise et du peu de productions contemporaines qui s'y essaient. Que ce soient les longs-métrages du studio Laika (Les Noces funèbresLes BoxtrollsKubo et l'Armure magique), le récent Junk Head de Takahide Hori ou les films d'animation de Wes Anderson (L'île aux chiensFantastic Mr. Fox), l'animation en volume est devenue une signature et une marque de fabrique luxueuse pour quelques firmes et cinéastes, en plus d'attirer l'attention des cinéphiles du fait de son caractère occasionnel et artisanal. 

Après La Maison, une pépite discrètement ajoutée au catalogue de Netflix en début d'année, le géant du streaming avait donc de quoi faire baver les amateurs du genre avec Wendell et Wild, un nouveau projet ambitieux du réalisateur Henry Selick qui a déjà livré plusieurs oeuvres références avec L'Étrange Noël de monsieur Jack, James et la pêche géante et Coraline.

 

Wendell et Wild : photo+1 pour les nonnes pingouins

 

Même s'il est aidé par quelques images de synthèse, Wendell et Wild est une fois de plus d'une minutie et d'une fluidité remarquables. Les ajouts numériques restent discrets et ne parjurent pas avec les éléments tangibles animés. Le film ne manque ainsi jamais de textures, tandis que la réalisation et les compositions de plans picturales et les séquences hallucinées subliment l'ensemble. 

Le film déploie également tout un univers visuel fantastique attrayant, que ce soit par l'ambiance lugubre rétro, les nombreux décors, les filtres de couleurs outranciers ou le design loufoque et stylisé des personnages - avec une mention spéciale pour Monsieur Klaxon qui ressemble à un Donald Trump noir et les démons Wendell et Wild qui sont à l'image de leur interprète, Jordan Peele et Keegan-Michael Key.

 

Wendell et Wild : photoDe Key & Peele à Wendell & Wild

 

à cœur ouvert

En plus de renouer avec le conte de fées gothique, Henry Selick est aussi revenu à ses thématiques et ressorts narratifs de prédilection : une jeune protagoniste rebelle, la découverte d'un autre monde étrange, ainsi que la volonté de se recréer un foyer. Et comme ses précédents travaux, Wendell et Wild est également une ode aux marginaux et personnalités décalées, à commencer par Kat et son look punk très détaillé.

Pour lui apporter un peu plus de profondeur et de couches de lecture, le film s'articule également autour de problématiques sociopolitiques récurrentes dans le cinéma de Jordan Peele, notamment à travers la représentation d'une petite ville cosmopolite en proie à l'entrepreneuriat toxique et au capitalisme cynique et ravageur. Par ailleurs, si le film ne manque pas d'humour - malgré certaines vannes plus grotesques à base de crottes de nez -, il n'en reste pas moins touchant et parvient à véhiculer son message.

 

Wendell et Wild : photoSi si, c'est très mignon en vrai

 

L'histoire surexplicite dès le début son approche métaphorique sur les démons intérieurs qui se matérialisent, mais cela n'entache pas la justesse du sous-texte concernant la culpabilité, la difficulté du deuil, le comportement autodestructeur qui en découle et la nécessité de savoir se pardonner.

Et s'il se montre particulièrement moqueur avec ses personnages adultes qu'il tourne pour la plupart au ridicule, le film est surtout bienveillant et encourageant envers ses protagonistes adolescents. En particulier Raoul, le garçon trans qui mérite un câlin par réplique, et Siobhan, qu'on pourrait prendre comme la méchante blonde qui n'est là que pour remplir les couloirs l'école de filles avant que le scénario lui porte une attention inattendue.

 

Wendell et Wild : photoLe personnage inclusif dans tous les sens du terme

 

UN CIMETIèRE BIEN REMPLI

Entre l'incendie criminel, la prison, le royaume sous-terrain, l'ours en peluche maléfique, le concierge à la Ash Williams, les filles de l'Enfer, les zombies, les rêves de Wendell et Wild, les fonds pour l'école ou l'enlèvement de Raoul, le scénario déborde d'idées. Les deux scénaristes ont chacun porté leurs sensibilités et univers cinématographiques à l'écran, mais c'est cette générosité qui est malheureusement la plus grande faiblesse du récit.

Plutôt que de se compléter et de se répondre pour créer un canevas cohérent sur l'égoïsme des adultes (qui pactisent avec le diable dans leur propre intérêt), les nombreuses sous-intrigues ont du mal à s'imbriquer les unes aux autres. Elles s'empilent jusqu'à étouffer l'intrigue principale, empêchant de fait le scénario de donner suffisamment d'espace à la mythologie fantastique qu'il ne creuse finalement pas très loin.

Même si Wendell et Wild ne s'imposera pas comme l'oeuvre la plus aboutie d'Henry Selick, le film reste une surprise agréable à l'approche d'Halloween, ainsi qu'un beau spectacle pour les yeux.

Wendell et Wild est disponible sur Netflix depuis le 28 octobre 2022

 

Wendell et Wild : affiche

Résumé

Même si Wendell et Wild accuse quelques faiblesses narratives, il reste une agréable découverte, réunissant tous les ingrédients pour devenir un autre incontournable d'Halloween. 

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commentaires
Aurélien
01/11/2022 à 13:42

C'est pas mal mais si on doit attendre 12 ans entre chaque film on reste quand même pas mal sur sa faim. The Shadow King avait l'air vachement mieux.

GTB
30/10/2022 à 19:47

@Benasi> A partir de 10-12ans.

L'indifférence générale face au nouveau Selick fait peine à voir. Wendell & Wild n'est pas son meilleur film, cependant il mérite clairement notre attention avec sa singularité et ses fulgurances.

Benasi
30/10/2022 à 15:10

Un film d’animation à partir de quel age ?

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