The White Lotus saison 2 : critique presque idyllique sur OCS

Clément Costa | 31 octobre 2022
Clément Costa | 31 octobre 2022

Après une première saison brillante, l’événement The White Lotus revient pour de nouvelles aventures avec sa saison 2 sur OCS en France. Mike White reste aux commandes et le casting presque entièrement renouvelé accueille Aubrey Plaza, Theo James ou encore Meghann Fahy. Un retour globalement réussi.

LA DOLCE MORTE

L'année dernière, The White Lotus débarquait sur le petit écran avec son humour de sale gosse et sa méchanceté jubilatoire. Unanimement acclamée, multi-récompensée aux Emmy Awards, la série de Mike White revient logiquement pour une deuxième saison. On change simplement de personnages et de cadre, mais le principe reste le même : des ultra-riches qui voient leur petit monde voler en éclats lors de vacances censées être idylliques.

Dès les toutes premières minutes du premier épisode, on se retrouve avec plaisir en terrain familier. Le générique d’ouverture est intelligemment retravaillé puis la série nous plonge dans le même mécanisme scénaristique qui construisait la première saison. Juste avant la fin du voyage, un événement tragique survient et nous voilà partis pour un long retour en arrière nous conduisant à l’inéluctable tragédie. Tout y est : de la victime qu’on ne montre pas pour préserver le suspense à la présentation de chaque personnage sur le bateau qui conduit à l’hôtel.

 

The White Lotus : photoTout va bien se passer

 

Bien évidemment, The White Lotus est automatiquement associé à un registre de comédie noire et grinçante. Cette nouvelle saison marche là encore dans les traces de son aînée. Mike White prend un malin plaisir à taper sur ses personnages, qu’il parvient toujours à rendre à la fois charismatiques et profondément détestables. Le changement de cadre n’est pas un simple accessoire d’écriture. Après le fantasme d’exotisme, on s’attaque au fantasme d’une Europe à la gloire éternelle.

Une fois tous les éléments posés, on profite alors d’une recette déjà bien rodée. L’écriture acerbe de Mike White fait souvent des merveilles et les dialogues corrosifs fonctionnent parfaitement. La nouvelle galerie de personnages est superbement portée par un casting talentueux, en particulier l'excellente Aubrey Plaza. Sans oublier l’immense réussite technique, tant dans la mise en scène que du côté de la sublime bande-originale.

 

The White Lotus : photoLe premier verre de trop

 

divorce à l'italienne

Mais si tous les ingrédients sont présents, cette deuxième saison n’arrive jamais totalement à toucher la grâce de la précédente. Pas de quoi en faire un dérivé honteux, très loin de là. Cependant, plusieurs éléments nuisent à la réussite de cette aventure italienne. Tout d’abord un évident problème de rythme. Les péripéties principales mettent beaucoup plus de temps à se préciser, ce qui crée un ventre mou étrange sur les premiers épisodes. Les personnages nous surprennent beaucoup moins dans leurs excès, mais peut-être est-ce en partie parce que l’effet de surprise n’est plus là.

Pour tenter de nous bousculer un peu plus méchamment, Mike White se dirige plus souvent vers un humour cru flirtant avec la vulgarité gratuite. Non seulement cela ne suffit pas à maquiller les failles d’écriture, mais surtout on se demande bien à quoi bon tenter de scandaliser un public puritain qui ne regardera pas la série quoiqu’il arrive.

 

The White Lotus : photoPas totalement convaincue

 

Autre choix contestable, cette deuxième saison décide d’ignorer presque totalement le personnel de l’hôtel, ce qui lui fait perdre une partie de l’énergie mordante qui émanait du choc des classes sociales la saison passée. Mark White était peut-être trop conscient de l’impossibilité de remplacer Murray Bartlett. Cependant, en évitant le sujet il se limite à des personnages ayant à peu près tous le même milieu social et donc des problématiques très similaires. On appréciera cependant les personnages incarnés par Haley Lu Richardson et Simona Tabasco qui rétablissent un certain équilibre.

Ce problème de gestion des personnages se retrouve également avec l'horripilante Tanya. Même si une partie du public a une affection inexplicable pour Jennifer Coolidge, ce qui aidait à passer au-delà de ses mimiques outrancières lors de la première saison était son utilisation en tant que personnage secondaire. Elle prend beaucoup plus de place cette fois-ci. Mais son tempo comique étant en décalage avec tout le reste du casting, les séquences qu’elle anime créent un faux-rythme assez étrange qui ne fonctionne jamais totalement.

 

The White Lotus : photoEst-ce qu'on voulait vraiment les revoir ?

 

SANS FILTRE

Inutile de bouder son plaisir, cette nouvelle saison de The White Lotus reste tout de même une belle réussite. Tout d’abord parce que la série ne cesse de redoubler d’inventivité dans sa mise en scène. On citera notamment les nombreux jeux de montage alterné, notamment la longue séquence du repas en fin d’épisode 2 qui se balade de table en table avec une dynamique de plus en plus agressive dans les échanges.

Grâce aux transitions bien pensées, les personnages sont confrontés à leur propre absurdité, à leur hypocrisie. Le tout uniquement par la narration visuelle. Une maîtrise totale qui pourrait servir de modèle à plus d’une série.

 

The White Lotus : photoYouth 2 : le retour

 

Mais la vraie force de The White Lotus, c’est de trouver cet équilibre instable lui permettant d’être une œuvre totalement politique, mais jamais démagogique. En somme, la série condense tout ce que Robert Östlund rêverait de faire s’il avait une once de talent : taper sur tout le monde sans concession en étant réellement subversif. Et sans jamais oublier de susciter empathie et dégoût pour chaque personnage. L'exercice est si rarement réussi qu'on ne peut que l'apprécier.

Ce qui surprendra le plus pour cette saison, c’est sa maîtrise du drame. Au milieu de la satire réjouissante, The White Lotus ne brille jamais autant que lorsqu’elle s’attaque à la part d’ombre de ses personnages. On découvre alors un vrai tiraillement psychologique, des dilemmes moraux complexes. Dès lors qu’on quitte la farce, la série gagne considérablement en puissance. Peut-être une piste à explorer pour une éventuelle saison 3.

La saison 2 de The White Lotus est diffusée sur OCS à partir du 31 octobre avec un nouvel épisode chaque lundi

 

Saison 2 : Affiche officielle

Résumé

Sans égaler la réussite totale de la première saison, cette deuxième saison de The White Lotus reste une belle réussite en plus de nous confirmer une fois de plus le talent de Mike White. Il ne nous reste plus qu'à attendre le prochain voyage avec impatience.

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Lecteurs

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commentaires
Picasso sensei
04/04/2024 à 07:40

Effectivement j'ai également cherché la critique de la saison 1, pour moi la saison 2 est meilleure au niveau de la gestion des interactions entre les personnages et leur développement, vraiment intéressant. L'histoire surprend, jusqu'au bout sur beaucoup d'aspects, la saison 1 était un peu trop centrée sur l'excellent resort manager. Une saison 3 attendue avec hâte.

Martin de Toulouse
12/01/2023 à 21:10

Excellente série la meilleure série 2022. Le casting le scénario les paysages la musique la bande originale musicale est juste fantastique tout est parfait vraiment hâte de retrouver la saison trois ça ne peut pas plaire à tout le monde c’est une série de qualité on est très loin des séries Netflix là on est vraiment dans la qualité tout est parfait merci merci merci

Rico
29/12/2022 à 15:31

La saison 1 était nul, j'ai attendu 6 saisons pour qu'il se passe vraiment quelque chose qui sorte de l'ordinaire et en fait non ça reste toujours en surface. C'est vraiment un truc tout fade cette série.

Brice
29/11/2022 à 12:48

Bof bof. J'avais bien accroché la saison 1 mais faut avouer que le casting était bien meilleur surtout le le maître d'hôtel, ainsi que le décor qui aidait à ce mettre dans l'ambiance. Là franchement la s2 je la trouve plate et pas très intéressante. Perso je me suis ennuyé, et les dialogues en italien n'ont pas aider à entrer dans l'histoire. Dommage.

Clément Costa - Rédaction
31/10/2022 à 19:06

@p : C'est tout le principe d'une critique mesurée, reconnaitre à la fois les qualités de l'œuvre mais lui trouver également des défauts ("ventre mou", "failles d'écriture", "jamais totalement au niveau de la saison précédente", "un faux-rythme qui ne fonctionne pas totalement", etc). Dans l'ensemble un 3/5 ça reste une bonne note.

@Oliviou : Il me semble que la rédaction n'avait pas pu sortir de critique de la saison 1. C'est vrai qu'on peut trouver ça caricatural, mais en allant jusqu'au bout on voit le plaisir méchant qu'a la série à toujours se moquer de ses propres caricatures.

p
31/10/2022 à 15:32

"Une belle réussite", "talent", "impatience" et pourtant une note de 3, il y a qqchose qui ne colle pas...

Oliviou
31/10/2022 à 15:03

Je ne vois pas de critique de la saison 1 sur votre site. J'avais arrêté au bout de deux épisodes en trouvant ça hyper lourdingue et caricatural. Et puis les récompenses, et puis ce qualificatif de "première saison brillante" en chapeau de cette chronique, et puis d'autres articles ailleurs. Je suis intrigué, du coup.

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