Plancha : critique qui se passe les gonades à la pierrade

Lino Cassinat | 27 octobre 2022
Lino Cassinat | 27 octobre 2022

En 2014, Barbecue de Eric Lavaine signait un petit carton avec 1,6 million d'entrées. En 2022, voici donc la punition que nous méritons tous avec Plancha, comédie pour riches de droite en vacances numéro 5649 avec toujours la même brochette plancha de comédiens qui viennent cachetonner mollement et dilapider leur talent dans des "comédies" vaudevillesques sur les choses de la vie, sans envergure, ni ambition, ni rien. Au moins, Claude Sautet avait Yves Montand et Romy Schneider, nous voici coincés avec Franck Dubosc, Lambert Wilson, Guillaume De Tonquedec, Lionel Abelanski ou encore Jérôme Commandeur, tous venu confirmer qu'ils n'ont jamais été drôles.

AVENGERS : ENDOGAME +

On pensait le "genre" cuit depuis Les Petits Mouchoirs, puis re-cuit avec Nous finirons ensemble. On l'espère définitivement grillé et fumé avec Plancha, nouvelle entrée dans la comédie de vacances entre potes bourgeois bouffis, méprisables, et en plus, vieux. Guillaume Canet avait au moins la décence de nous infliger de jeunes vieux, ici tout est authentiquement vieux. Les clichés et les tics d'écriture ont au moins 300 ans, soit l'âge cumulé du casting masculin principal et du réalisateur, celles de ses références à l'Ancien Régime et celles de leurs jeux de société favoris.

 

Plancha : photo, Franck Dubosc, Sophie Duez, Lionel Abelanski, Caroline Anglade, Lysiane Meis, Lambert WilsonLaissez-les partir par pitié

 

On admettra que jouer au Cluedo, au Monopoly ou au Trivial Pursuit avec Lambert Wilson pendant que Guillaume de Tonquédec fait un puzzle procure une certaine expérience de l'éternité et de la mort. Dire que tout sent le sapin dans Plancha n'est même plus une image assez forte, tant le tout a des airs de fuites d'aigreurs échappées d'un cerveau noyé dans ses propres déchets, et il faudrait plutôt parler d'odeur de tombeau moisi. Qu'on en soit encore, en 2022, à faire des comédies sur le fait qu'il pleuve en Bretagne, sur les ouvriers portugais, sur les grèves qui nous prennent en otage ou sur Napoléon et Louis XVI comme autant de réflexes pavloviens en dit long sur l'archaïsme préhistorique de l'univers de Plancha.

Perfectionniste dans la ringardise, Plancha osera même la "blague sur le sujet du moment pour faire jeune, mais qui trahit complètement son auteur" avec une référence à Game of Thrones. Que vouliez-vous en même temps ? De l'insipiration ? Naïfs que vous êtes. Preuve de la fumisterie : le film est né d'une plaisanterie de Guillaume de Tonquédec pendant la promo de Barbecue d'après Allociné, et Éric Lavaine lui-même explique que la suite a été préférée au projet original 100% Breton (qu'est ce que c'est que ce titre encore), car "cela nous permettait de rentrer tout de suite dans leur problématique sans avoir besoin de les caractériser longuement". Traduction : Plancha est né de la flemme, et c'est assumé.

 

Plancha : photo, Lambert Wilson, Franck DuboscDeux heures avec des millionnaires qui s'ennuient, tout un programme

 

T'es pas mignon, MAIS t'es très breton

Mais si encore seul l'humour de Plancha était nul ou antédiluvien, on se contenterait de mettre un petit 2/5 en disant qu'il est formellement interdit d'y poser les yeux en dehors d'un écran de télé et si l'on a moins de 60 ans d'âge mental (on insiste, il s'agirait de ne pas mettre tous nos aînés dans le même sac). On relèverait que la photographie est évidemment à peine digne d'une réclame pour assurance entre deux flashs infos sur BFM avec faux-raccords et ces foutus plans au drone en option. On s'arrêterait à dire qu'il n'y a aucun hasard, que le film est majoritairement soutenu par des chaînes de télé et qu'il s'agit encore ni plus ni moins que d'un gros téléfilm friqué qui envisage la case cinéma comme un contrôle technique.

Sauf qu'il y a le fond de l'affaire, la fable sur nos amitiés et nos petites mesquineries qui font de nous des zêtres zumains. Ouin ouin. Un humanisme mouillé qui masque en réalité fort habilement une hypocrisie sinistre, car l'innocente bande qui nous est présentée a pour seul dénominateur commun la bassesse, la veulerie et l'infamie, mâtinées de sexisme vulgaire.

 

Plancha : photo, Franck DuboscFest-noz, ça veut dire fête de nuit hein. Y'a comme un problème là non ?

 

Chacun n'envisage l'autre que comme un réceptacle à sa violence et à ses frustrations, tandis que la méchanceté est élevée au rang de moteur naturel et nécessaire dans les relations humaines. Masculines en particulier, puisque les femmes ne sont ici traitées que comme des ficus apaisants qui réparent les jouets cassés par leurs bébés de maris.

Et il faudrait se prendre de sympathie pour ces personnages minables et chouineurs bardés de signes extérieurs de richesse ? Ce serait la seule blague réussie du film si ce n'était pas sérieux ou s'il s'agissait d'une satire. Et on a même failli y croire l'espace d'un instant, lors d'une scène d'ivresse au potentiel libérateur (Hong Sang-soo aura au moins servi à remettre cet exercice au goût du jour). Malheureusement, c'est bien la définition de l'amitié qui nous est présentée ici, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on n'aimerait pas être le pote d'Éric Lavaine. Caramel pourri sur le kouign-amann au beurre rance : ça se la joue breton, mais le film se goure entre Fest Noz et Fest Deiz. Blasphème suprême.

 

Plancha : photo

Résumé

On ne sait pas quelle sera la prochaine grillade ni la prochaine destination, mais puisque tout le monde se plaint de la pluie dans Plancha, on a une proposition : aller se faire cuire les gonades à la pierrade directement à la surface du Soleil. Tout le monde sera content.

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Lecteurs

(3.5)

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commentaires
Kiffé
06/02/2024 à 23:36

Et oui moi j'ai bien kiffé, ce films de potes un peu dépressifs mais qui essayent d'y croire encore un peu. Qui se soutiennent malgré tout. Qui se passe dans une région qui change du Paris appartement carte postale. Même Dubosc est étonnamment sobre ce qui est une mini marque de qualité.
Une micro réussite qui fait du bien.
Oui pas la peine de vous énerver pour ce film, gardez en sous le pied pour Cocorico et Coup de dès (authentique navet ce Attal/canet.. Là vous pouvez vous lâcher allez y !)

RiffRaff
17/06/2023 à 12:33

Vu, assez vite d'un œil tant c'est mou et attendu, avec des personnages souvent détestables quand ils font autre chose que de la figuration. Seul Jérôme Commandeur a réussi au milieu de tout ça à m'arracher quelques sourires

Comédiesansbaptiste
12/06/2023 à 14:00

Il s'agit sans doute d'un besoin de niche fiscale ou autre montage financier des producteurs, pas de meilleure explication d'une telle nullité, les gags semblent avoir été écrits il y a 50 ans.

Popeck
23/02/2023 à 15:00

Critique façon Télérama avec de la haine et de la jalousie en plus

speaker34
13/11/2022 à 18:44

les intellectuels du cinéma français dézinguent à tout va... ce n'est peut etre pas la comédie la plus fabuleuse, mais l'ayant vu ce film, je ne me suis pas ennuyé... par contre un fest noz c'est la nuit..pour la journée c'est fest deiz.... mais il est vrai que les critiques d'art, sont des aigris n'ayant pas réussi... si les français veulent se faire plaisir avec d'excellents acteurs foutez leur la paix..;

Neji .
07/11/2022 à 02:59

J'ai bien rigolé avec votre critique, parfait, le meilleur moment de l'existence de ce film c'est certainement votre critique .
Je vais évidemment jamais m'infliger cette punition visuelle.

Tom’s
04/11/2022 à 12:14

Dire à un critique ciné «  allez y voir si vous feriez mieux » .. bref rien qu’en apprenant l’existante et connaissance du titre de ce «  film» m’angoisse, le ciné français et les films populaire.. liste lol c’est navrant quand on pense quelque décennie en arrière quand ils savait allié qualité et humour, un peu d’ambition, la c’est pathétique, j’espère La Plancha va se prendre un gros bide !!

StephNice
31/10/2022 à 13:48

un film nul, une amitié qui n'existe pas, ces riches se jalousent, sont méchants entre eux, les femmes remises au rang de Potiche mais qui sont pour le coup plus naturelles dans leur rapport, rien ne fait rire, ce film est d'une tristesse à mourir, les gags réchauffés depuis barbecue
Bref, passez votre séance et allez profiter du soleil, Eric Laveine, ne faites surtout pas une suite ce serait horrible

Roi Krogold
29/10/2022 à 19:55

Des qu'un film français se fait dézinguer c'est toute la communauté impliquée de près ou de loin dans la bouse qui rapplique tel des Bots. Pour dire j'ai pas vu mais je suis choqué de lire ça (faute de meilleur argument ?)

Regardez la note lecteurs 3.5 ça en dit long, c'est pas subtil du tout.
Pour ma part je trouve le rédacteur plutôt courageux. C'est facile critiquer négativement un film étranger, mais quand il s'agit d'un truc de chez nous, on sait bien qui sont les premiers lecteurs de TOUTES les critiques et on sait à quoi on s'expose.

VSRB
29/10/2022 à 09:34

Je n ai pas vu le film... Mais voilà un critique bien malheureux pour être aussi agressif.... Peut être le regret de n être qu un critique... Or vous connaissez l adage.... La critique est facile... L art difficile.... Et si on avait juste envie de se détendre... De passer un bon moment.... Et si.. juste une fois, une comédie était récompensée.... Bref, si le snobisme de regarder au travers d un écran la misere des autres ne donnait pas lieu systématiquement à des critiques complaisantes.. Si vous
n aimez pas un style de cinéma... Et bien allez noyer votre mal être dans des salles obscures visionner des drames citadins.... Le plus souvent caricaturaux

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