Overdose : critique coke en slop sur Amazon

Simon Riaux | 4 novembre 2022
Simon Riaux | 4 novembre 2022

Après avoir lâché son gros Bronx sur Netflix en pleine crise sanitaire, Olivier Marchal est de retour pour un thriller énervé, produit par Gaumont et promis à Amazon Prime Video. Dans Overdose, il ouvre grand les narines d'une intrigue qui n'en demandait pas tant.

DE QUI SE COKE-T-ON ?

Le cinéma français a beau être d’une diversité et d’une vitalité remarquables, il réserve un sort peu enviable aux metteurs en scène se risquant du côté du polar spectaculaire, du genre hybride ou du cinéma d’action. Les bifurcations professionnelles de Florent Emilio-Siri, Jan Kounen ou encore Fred Cavayé, tous plus ou moins contraints de se recycler du côté de la comédie industrielle pour pouvoir tourner. Olivier Marchal a suivi une voie paradoxale, simultanément similaire, et antinomique.

 

Overdose : photo, Sofia EssaïdiThe Green Night

 

Celui qui fut un temps l’ambassadeur d’un possible renouveau du polar hexagonal s’est lui aussi tourné vers la radioactivité humoristique. Mais personne n’a jugé bon de le prévenir. En effet, si sa mue involontaire était achevée dès Bronx, son précédent film, des précipités solides de premier degré flottaient encore à la surface du nectar Marchalien. Rien de tel ici, le récit abandonnant toute apparente complexité, à la faveur d’une course-poursuite emmenée par une galerie d’énergumènes personnifiant avec génie le concept d’œdème cérébral.

Le réalisateur, dont on ne rappelle pas assez souvent combien les créations, reconnaissables entre mille, forment un corpus singulier au sein de la production française, achève ici la liquéfaction de son style premier, pour aboutir à un nouveau médium. Une forme d’art dont les codes sont encore en friche, mais que Marchal dégraisse avec la rage de la passion. Photographie, découpage, montage, gestion de l’espace, mixage, musique, rythme, autant de notions qui n’ont désormais plus cours dans cet espace nouveau défriché sous nos yeux.

 

Overdose : photo, Kool Shen, Sofia EssaïdiIl est cool Shen

 

L'AMOUR TÂCHE 

Bienvenue dans un univers peuplé de vrais bonhommes, où le matin, on s’asperge le goitre mal rasé d’huiles d’essentielles de gonades de bison snackées à l’aube, sur le ventre d’une femme fraîchement nubile. Un monde sans limite ni barrière où quand on ne se tire pas dessus, on s’égorge, sauf si on est occupé à fourchetter un client de restaurant trop bruyant. Une terra incognita où les voyous forniquent comme des chiens de la casse par une nuit sans lune, quand les flics esseulés se rentrent les poils dans la douce rugosité d’une chambre d’hôtel bleutée, où l’écume blanchâtre de la nostalgie se mêle au ressac grinçant de ressorts plus tordus qu’un contrôle fiscal.

 

Overdose : photoOn ne la fait pas à Jean-Michel Grossecouilles

 

La poésie y éclate en gracieuses bulles de musc, transperçant le mur du fion à la vitesse de la lumière. Les femmes ici sont toujours seules, ou pas assez. Parfois policières et prudes, elles sont plus souvent criminelles et chaudes comme une fougasse collée au réacteur d’un Rafale, comme en témoignent deux des plus hilarantes séquences du film. La malheureuse Naïma Rodric y interprète une forme de vie qui tente (avec un certain degré de réussite) de pousser la maréchaussée dans de redoutables pièges avec son vagin, lors de passages où la caméra elle-même paraît se faire dessus de rire.

Mais, et c’est là une des grâces de l’art nouveau qui émerge du geste d’Olivier Marchal : on n’est pas encore en mesure de tout à fait le circonscrire. Bien sûr, on pourrait recenser chacune de ses folies, mais cette liste à la Prévert parviendrait-elle seulement à toucher du doigt (et serait-ce seulement l’organe approprié ?) la dimension hallucinogène du projet ? Évidemment, la tentation est grande de s’arrêter sur ces dialogues qui espèrent suinter la badasserie vraie des gonzes à grosses bourses, mais évoquent plutôt la gaucherie d’un lendemain de cuite achevée par un pari perdu.

 

Overdose : photo, Alberto AmmanCergy Lopez est très colère

 

LOVER DOSE

On aura beau jeu de pointer du doigt le supposé snobisme avec lequel ces gros rots de polar sont reçus par une critique forcément parisianiste et élitiste. Ce serait oublier que le seul élément franchement réussi de cette Overdose, c'est son anti-parisianisme rafraîchissant. En effet, on y suit l'inspecteur Caliméroupettes, fin limier de la capitale qui est fort touché par le meurtre barbare de deux pauvres adolescents. Pour élucider cette sombre affaire et retrouver le sourire, il entreprendra simultanément de s'allier à une enquête toulousaine à base de Go Fast, et de rentrer les poils à une collègue compétente.

Non seulement sa première investigation, autrement plus passionnante que la poursuite des minables trafiquants dirigés par Cergy Lopez, est expédiée avec un je-m'en-foutisme spectaculaire, mais la régularité avec laquelle l'intrigue veille à dérouiller l'enquêteur parisien, de vannes en coups de boule, est aussi transparente que réjouissante de régression. Il faut dire que peu de nanars auront réussi à orchestrer l'accession de Philippe Corti, ex-DJ pour talk-shows des années 90, en trafiquant misogyne casseur de bouches de poulets.

 

Overdose : photo, Assaad Bouab"Mais où sont passés ces voleurs de charisme ?"

 

Car c'est bien à cela qu'on a affaire. Cette histoire caricaturale en tout, intéressante en rien, caractérisée à la va-comme-je-te-pousse et filmée n'importe comment marque l'entrée de son réalisateur dans le cercle restreint des authentiques maîtres du nanar cosmique. C'est ainsi qu'il faut recevoir ce don du ciel, où des hordes de bourrins font la queue pour farcir de plombs "les enculés", avant de baiser "les salopes". C'est idiot. C'est gras. Mais c'est assez drôle. Ultime curiosité de ce bien beau bubon : Sofia Essaïdi.

L'actrice y est miraculeusement bonne, comme si les numéros de cabotinage environnant lui inspiraient une forme de transcendance. Symboliquement, c'est à ses côtés que le spectateur traverse cette fusillade où les risques d'AVC pleuvent plus drument que le plomb.

 

Overdose : affiche

Résumé

Chef d'oeuvre, expérience des limites ou pet gras, chacun tranchera quant à ce film qui aimerait renarder la sueur et le sang, mais exhale le fond de calecif. Une impression demeure, la certitude d'avoir atteint un nouveau degré de liquéfaction filmique.

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Lecteurs

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commentaires
Terryzir
21/11/2022 à 02:35

Overdaube.

Fredole
09/11/2022 à 20:20

Supris que personne ne relève les multitudes de problèmes de son, doublage d'acteur obligé pour certaine scène. Certainement beaucoup de soucis tech sur place.

John J
09/11/2022 à 17:34

Vu les commentaires et critiques je m'attendais à une daube, son dernier BRONX étant très mauvais je n'avais guère d'illusions et finalement , j'ai aimé ce film généreux, quelques acteurs pas très bons Franck le capitaine et et Charles sont d'une platitude déconcertante, le reste du cast est plutôt bon, Nicolas Cazalé en flic infiltré ressort du lot, Kool Shen est très bon , l'acteur de narcos en fait des tonnes mais c'est jouissif , le tout est bien filmé, l'Espagne magnifiée, voilà , je trouve disproportionné le flot de merdes que reçoit ce film.

Bouli
08/11/2022 à 17:47

Cette critique est si bien écrite, m'a fait tellement rire qu'elle m'a presque donné envie de voir le film. Belle prose.

Lulu
08/11/2022 à 08:32

Super film arrêter de critiquer tout le temps

gabbagabba
07/11/2022 à 21:35

J'ai un sixième sens ou on peut détecter un nanar juste avec l'affiche ?

nath
07/11/2022 à 19:42

ce film est d’une nullité vraiment très mal fait l’histoire tout c’est pourrit très dessus

Gogo
07/11/2022 à 07:06

Je rejoins Yayou, ce n'est pas une critique la s une masturbation... Horrible...

X-or
06/11/2022 à 23:55

Le plus mauvais Marchal et de loin.
Carbone m'avait surpris.
Bronx était sympa.

Mais rien ne va dans Celui-ci.

Les faux raccords météo sont fabuleux, aucune scène d'action n'est filmée autrement qu'avec les pieds.

L'histoire les personnages le scénario la narration, rien ne va.

Victoribus31
06/11/2022 à 23:13

Le film est pas terrible. C'est film de plate-forme, pas du Cinéma avec un grand C. Pas les mêmes moyens je pense et ça se ressent à tous les niveaux. Juste après, Amazon m'a proposé les Lyonnais (qui n'est pas non plus un chef d'oeuvre) que j'ai revu avec plaisir. Ben, c 'est bien ça. J'ai déjà ressenti ça, notamment avec le film de Liza Azuelos avec Sophie Marceau. L'un est un film de Cinéma, l'autre pas. Je n'ai lr "talent" de ce Simon (cette prose est à vomir) alors, je ne donne qu'un ressenti sur les dialogues qui "ne sonnent pas juste", les plans qui manquent de rigueur, l'éclairage etc...Alors allez au cinéma, payez votre place...sinon bientôt on n'aura plus que des Overdose .

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